Nuits Surréelles -1 : Un mauvais voyage
Je viens de terminer une longue semaine et
je suis tellement fatigué que je ne sais plus trop quoi en venir de mes
journées passées. Alors, à ma manière, je peux bien relater de l’un de mes rêves
percutants.
Un mauvais voyage
Dans ce premier rêve, je revenais du
travail et je fus sur la route, tout en conduisant ma Buick Riviera, un vieux
modèle 1979.
(Bon, je crois que j’ai déjà commencé,
mais je vais attendre à demain.)
Avec ma vieille Buick Riviera de l’an
1979, je parcours les chaussées des routes de campagne, parce que possiblement
je travaille en région. Et je dois retourner chez-moi et chez-moi veut dire la
ville de Montréal, tout au plus. Je perçois que l’autoroute 20 se poursuit dans
une espèce de goulet d’arbres de la forêt boréale, que ce soit des feuillus ou
des conifères. Finalement, j’aperçois deux arbres sur les deux bords de la
route, et les arbres se trouvent aux deux extrémités de la chaussée. S’il y
avait des rails de garde-fou au long de la route, les arbres se retrouveraient
naturellement en arrière, plantés en arrière des garde-fous logiquement.
Maintenant, ce qui se produit arrive très instantanément, car ce que je vois
devant moi en avançant en ligne droite, c’est une espèce de portail de lumière
blanche, se découpant dans la rue entre les deux arbres. Je n’ai pas le réflexe
d’arrêter, ni même de freiner pour ralentir le véhicule, car je ne sais trop,
je me sens trop amorphe ou apathique afin de mieux contrôler la voiture. En
guise de résultat, je glisse dans ce portail blanc. Je me sens transporté dans
un couloir dans l’espace, tout comme si on voyageait dans la quatrième
dimension. Conclusivement, la voiture s’envole dans ce corridor de couleurs et
de lumière, et la voiture fait des tonneaux aériens, tout en frappant les
parois du tunnel de couleur et de lumière. La voiture frappe les murs, comme
une boule au pinball avec ses obstacles, faisant plusieurs ricochets pour se
remettre quelque peu à l’endroit, tout en continuant sa course. La voiture percute
les parois, sans jamais connaitre de dommages.
Je n’ai aucun contrôle sur les boutons de
mon auto CD-radio et elle se met à jouer à tue-tête, la chanson rock métal de
Black Sabbath, Neon Knights. Tous les
objets sans attache dans l’habitacle virevoltent partout comme des projectiles.
La chanson se poursuit durant tout le trajet de la course vertigineuse :
« Oh
no ! Here it comes again!
Can’t
Remember When We Came So Close to Love Before
Hold
on ! Good Things Never Last ! »
Évidemment, j’ai très peur, et la voix
stridente de Ronnie James Dio transformait la Buick en un bloc sonore compact. Curieusement,
quelque part vers la fin ou le dernier couplet de la chanson au travers de l’envol
dans cet endroit, je vois un énorme flash de lumière éblouissante sur-le-champ.
La lumière se tamise, et j’ouvre les yeux.
La Buick fait un vol d’oiseau au-dessus des
rues de Manhattan, New York. Je me pose la question : « Comment ai-je
fait pour me retrouver à New York ? Il y a juste trois secondes, j’étais à
Trois-Rivières, non ? » La Buick flotte par-dessus Broadway et par elle-même,
elle fait un virage à droite, en activant le clignotant tout seul et en
tournant le volant presque complètement vers la droite. Ensuite, la voiture
descend pour un atterrissage en douceur et tout en continuant de rouler sur le
macadam, un peu à la manière de la DeLorean volante dans le film Back to The Future 2.
En constatant les rues, je vois que je me
trouve au coin de Broadway et de la 17ième Avenue, une rue très
sombre et nous sommes en pleine nuit. Il y avait encore la lumière du jour sur
ma route de Trois-Rivières avant, et là maintenant, c’est nuit noire à New
York. Je n’aurais cru que ce fut seulement 22 heures, le soir. La Buick stoppe
et s’immobilise complètement dans la rue. Je regagne quelque peu le contrôle du
véhicule et je le gare quelque peu du côté droit de la chaussée.
J’ouvre ma portière, allumant du même coup
mes feux de hazard. Je regarde l’intersection et je me trouve vraiment à New
York ; je reste quelque peu sur le trottoir, regardant de tout bord, tout côté,
abasourdi sauvagement. Tout d’un coup, j’entends une voix efféminée et nasillarde : «
God ! Is that your car ? It’s really
nice. Very old but nice.» Je
me retourne et il s’agit d’un club kid
new-yorkais, tout vêtu en parures pour les festivités de sa soirée, dans l’une
des innombrables boîtes nocturnes de Manhattan. C’était un jeune gay, attifé de
manière flamboyante dans la vingtaine. Il n’était pas seul toutefois, car il
avait une drag queen comme compère, autant exubérant que l’autre moitié. Le
premier club kid pointait de sa majeure ma Buick, tout en me fixant.
- Yes
it is, répliquai-je en souriant maladroitement, ne sachant trop quoi dire
davantage. It’s a ’79 Buick Riviera.
- Ah
! Okay, souria le club kid emplie d’une étrange satisfaction à la réponse. Never
saw those around before.
- I’d think yeah, fis-je.
- Well, see ya more of you around here, dear !
Don’t be a stranger !
me fit cordialement le club kid et continua jovialement son chemin, bras dessus
et bras dessous avec son beau de service vers Dieu sait quelle boîte
véritablement.
- Yeah…
Bye, fis-je presque inaudible.» Je les contemple dans leur départ dans un
dernier regard circulaire sur la rue de Broadway. Ensuite, j’entends la radio s’éveiller
de nouveau dans la Buick et je peux facilement ouïr la chanson de la formation
rock de Milwaukee, Cheap Trick, avec leur single Reach Out.
« No one’s going to give it away.
They make it hard for the people today.
To get what you want,
They make it hard for the people today.
To get what you want,
You’ve got to
do it yourself.
Don’t be afraid
to drive the nail in the wood.
[..]
Reach out, and
take it.
Reach out, and
take take it.
Don’t have to
make it so hard. »
Vers mon côté gauche, je voyais deux clubs
sur le long de la rue de Broadway. Le premier fut nommé « The Bike Rack » pour
une raison probablement bien ludique que j’ignore. Par contre, j’observe devant
l’entrée d’une panoplie de motocyclettes stationnées, que ce soit les modèles
différents d’Harley-Davidson et d’autres marques japonaises, Honda et Kawasaki.
Toutes les motos furent en ligne et en rang devant l’autel du club « The Bike
Rack ». Ensuite, il y avait un second club se nommant cette fois-ci :
«
Club ADX » et ce sont seulement les drags queens qui prennent l’accès. Et j’observe
également le petit couple avec lequel je discutais de la voiture, pénétrer dans
l’enceint de la demeure du second club.
Par ailleurs, je contemplais tout de même
la fameuse boîte à chansons nocturne
«
C.B.G.B. », où de nombreux musiciens faisant leur début pour Hollywood ou
autre, se produisaient de leur premier numéro au club « C.B.G.B »,
tel un rite d’initiation avant d’écoper un certain succès aux États-Unis.
Broadway pullulait de monde le soir dans toutes ses artères, au grand dam des
chauffards idiots y circulant.
Je retourne à la Buick, les feux de hazard
toujours allumés. Le véhicule explose en feu aussitôt après avoir mis la main
sur le levier de la portière, comme si on avait allumé le réservoir d’essence.
La voiture vole en éclats, tous azimuts. Je suis projeté à six mètres de la
voiture. Des club kids qui regardaient la scène, viennent pourrait-on dire à
mon secours, ayant l’apparence de serins et des canaris dorés et jaunâtres virevoltant autour de moi. Ils
éteignent les flammes sur ma personne avec leur robe, tout en déchirant leur
jupe pour l’asséner sur moi. Un club kid me crie de rouler par terre, ce que je
fais promptement. Le feu sur moi éteint, je me lève. Je regarde la Buick avec les
club kids, complètement perplexe et consterné.
Je me réveille en sueurs froides du lit.
Je me dis consciemment que je devrais probablement lâcher le film d’animation
de Gérald Potterton, Heavy Metal pour
un certain temps.