Mozie et les femmes - pièce de théâtre - texte intégral
Mozie et les femmes
Par Maxime Laperle
Par Maxime Laperle
Nonemclature des personnages
MOZIE
MITTY : Un homme dans le début de la trentaine. Irascible, au tempérament
bouillant et chauviniste. Excellent orateur de taverne. Il est d’une bonne
culture physique.
JULIE LA GAGA :
Une femme blonde de 35 ans, aussi belle que la plus récente top-modèle. Elle
est d’une taille aussi menue que la plus récente des chanteuses américaines.
MILES
MAURY : 40 ans, un ami lointain de Mozie. Ils se sont connus à
l’université. Un homme d’une carrure tout de même imposante.
ROXY
LAFLAMBÉE : 32 ans, brunette, elle est une mangeuse d’hommes. C’est une
femme caractérielle, toujours désireuse d’obtenir ce qu’elle veut de n’importe
quel homme.
SYLVIA
RICHARD : 19 ans, actrice de cabaret de
bar, soit au Casino de Montréal, et sur la rue St-Denis. Alcoolique.
Extravagante d’apparence. Elle dégage une hyper-sexualisation dans ses goûts
vestimentaires, et ses tenues aguichantes.
PERSONNAGES
SECONDAIRES : - Le garçon de Bistro
- La serveuse de Bistro
- Les agents de sécurité
- Les policiers de la SPVM
- Les ambulanciers
Acte 1
SCÈNE 1
Lieu: RESTAURANT/
BISTRO- CASINO DE MONTRÉAL
JULIE LA GAGA, MOZIE MITTY
Nous sommes au milieu
d'un restaurant au sein du Casino de Montréal. Ce que nous voyons au centre de
la scène, c’est une table-banquette, acculée au mur. Au travers des grandes
fenêtres en baie vitrée de plexiglass, on aperçoit le Casino de Montréal
lui-même dans toute sa gloire: le décor des machines à sous, les tables de
roulette et de blackjack. On y voit au travers des fenêtres aussi les agents de
sécurité, vêtus de manière complet-cravate pour se fondre à la foule.
Dans la section
"Restaurant" de la scène, MOZIE MITTY est assis à l'une des tables. Le GARÇON DU BISTRO lui apporte un daïkiri et le dépose devant lui. Mozie a une mine
patibulaire.
Entre en scène, JULIE LA GAGA, elle est une blonde névrosée, à l'apparence
et aux allures de top-modèle à rabais. En remarquant Mozie, elle sourit à
moitié et se rend vers sa table et s'assoit.
JULIE(enjoué): Allô mon beau Mozie !
Mozie se réveille
progressivement d'une torpeur alcoolisée, et semble avoir une méchante gueule
de bois.
MOZIE: Ah c'est toi ! (Appuyant les mains au visage)
Qu'est-ce que tu veux, crisse de viarge ?
JULIE(feinte surprise): Heu ! Tu pourrais essayer de changer
de ton ? T'es en ma présence aussi, remarque.
MOZIE: M'ouais, c'est ça, j'oubliais que les putes étaient
aussi des femmes de haute société.
JULIE(ironique enjouée): Exact ! Alors, de ta part, j'ai le
droit à une modicité de respect.
MOZIE(désinvolte): M'ouais, je le sais. T'as durement gagné
le respect de nous tous, en t'agenouillant.
JULIE: Des fois, il faut ce qu'il faut. Par ailleurs, je n'ai
aucun problème à me mettre à genoux. Au fait, je pose mes genoux sur des
serviettes sanitaires, épaisses comme des coussins. Ça maximise mon confort, tu
ne peux pas savoir.
Julie remarqua que
Mozie reste contemplatif à l'égard du fond de son verre, que fut jadis son
daikiri. Elle lui passe la main au visage, frôlant le menton et la joue.
JULIE(doucereuse): Oh! Qu'est-ce que t'as au juste, bébé ?
MOZIE: Bah en gros! Rien que tu devrais savoir, parce qu'au
juste, si tu le savais, ce serait infecte pour notre petite relation
d'affaires.
JULIE: Bien il y a des privilèges dans notre relation
d'affaires.
MOZIE: La relation qu'on a, elle n'est pas plus spéciale ou
plus particulière qu'un autre.
JULIE(acerbe, et grimaçante de mépris): Tu trouves toi ?
MOZIE: Bien assez, parce que justement, on dirait que t'es
l'aventure d'un soir qui ne veut jamais partir.
JULIE(nonchalante): C'est surprenant que tu puisses me dire
ça, parce que toi au juste, t'es simplement une tête de turc dans mon parcours.
Et puis mon parcours, y est pas mal long. Il est sinueux, mais il sera toujours
là devant moi. Puis contrairement à ce que tu penses également je ne vais pas
finir dans un contenant à déchets, comme de milliers d'autres de mes consœurs
disparues, comme les milliers d'autres dans leur soif inexaucée de vivre et d'existence.
Tout comme les légions d'hommes, encore agenouillés touchant mes cuisses de
leur torse viril. Ils respireront et humeront inlassablement leur virilité
crasse et fétide sur moi. Et pour moi, cette odeur ammoniaque de la pestilence
masculine en deviendra mon seul parfum.
Une longue pause
MOZIE(à lui-même): Enfin bref, tu seras la madone des putes.
JULIE(à elle-même): Il n'y a pas de fin, tout reste un début
maladroit.
MOZIE(à lui-même): Il y a une fin. La fin reste implacable
et logique pour chaque personne.
JULIE(à elle-même): Il n'y a pas de restants, seulement que
les décombres de condamnés, défraîchis par ma langue et mes dents.
Une courte pause
JULIE(indignée faiblement): Crime, c'est exactement ça que
je suis devenu pour toi ?
MOZIE(calme froid): Non, en principe, toi t'es devenue pire,
parce que moi, je peux pas continuer c'te manège là. Surtout avec toi, je ne
peux pas vivre avec une coloc, qui se veut une pute respectable. Ça ne marchera
pas. Nullement même.(haussant le ton) Je suis carrément tanné d'entendre dans
la chambre d'à côté tout l'ensemble de tes relations avec tes clients! Il y a
carrément des limites à entendre comme ébats amoureux !
JULIE(l'interrompant): Mozie, on est au bistro ! Hostie de
sacrament !
MOZIE(avec la même froideur): Oui, Julie il y a des limites
à écouter des séances de BDSM, avec tous les clients que tu peux accumuler dans
toute la câlisse de ville. Essaie donc d'avoir une vraie job pour une fois,
d'avoir une vraie vie. Parce que j'en ai marre de faire des crises d'insomnies avec
le son d’une position du Kama Sutra, d'une couverture à l'autre, je ne veux pas
de ça dans ma vie.
JULIE (ton blessé): Bon okay, je vais sortir de ta vie, en
sortant premièrement tout mon stock de ton appart, minable en crisse. Moi
aussi, je ne pouvais plus t'endurer pendant assez longtemps. Même que ce serait
plus longtemps que le début de ton dégoût de crisse que tu me projettes, en ce
moment. Personnellement, j'en ai rien à contre-câlisser de toé. Toé, pour faire
court, t'es comme la merde de rapaces humains que l'on retrouverait n'importe
où dans cette marde de ville.
Julie empoigne son
cocktail, et le finit d'un seul trait. Elle se lève de table.
JULIE(pugnace et féroce): Tu vaux exactement rien, comme les
milliers d'autres castrés de Québécois. De tout ce qui reste d'un Canayen
francoune, c’est exactement plus rien. Une nation où les hommes sont
devenus les femmes psychologiques de demain. Ils vivent dans un machisme délavé
de tout. Ils sont devenus rien, à force de devenir efféminés au maximum, sans
rime sans prestige et sans raison. Une nation d'hommes où les femmes vous ont
castrés mentalement. Une nation d'hommes où les hommes eux-mêmes sont nés pour
fuir. Il reste que lorsque l'on est né pour fuir, le courage n'est plus et on
vit en loque.
MOZIE(hargneux): Je pense bien que je suis rendu à ça...
Il mime un espace
entre son pouce et son index.
MOZIE(hargneux): À endurer tes petits délires de chambre à
coucher sur les hommes, spécifiquement les Québécois. Jusque là, j'ai vraiment
pas envie de savoir ce que c'est le Québécois moyen dans toute l'effervescence
de ta psychose borderline, aussi avec ce qui te reste dans ta tête, avec le
reste de ton cerveau pas encore mangé par la maladie mentale et les M.T.S.
JULIE(obstinée):Oh non ! J'suis pas borderline pour deux
cennes.
MOZIE: Oh que si, pas besoin d'être psychanalyste pour le
savoir. (Une longue pause)
Julie fond en larmes.
MOZIE(ironique et méprisant): Et toi, t'articules ta pensée
comme la dernière des salopes demeurées, digne de ce nom. Ça vaut un milliard
de fois plus rien et infailliblement... (Il pointe son doigt vers elle) Toi, tu
fais partie intégrante de toute cette merde humaine qui vit dans cette ville.
On n'a jamais rien eu ensemble, il va falloir que tu te le rentres dans ta
petite tête blondasse de merde, que tu te le rentres dans ta vie de chienne de
merde.
Mozie prend une grande
respiration.
MOZIE: Là maintenant sors. Je ne veux plus te voir sous
n'importe quelle façon ! Même pas ! Je te chasse définitivement de l'appart, ce
soir !
Au travers des baies
vitrées, on observe des agents de sécurité escortant un tricheur de blackjack
vers la droite de la scène, de manière musclée. Il reste un peu de combat dans
le tricheur et il proteste son innocence. Les agents communiquent avec des
talkies-walkies dans leur manche de veston, au contrôle de sécurité.
Mozie reste
contemplatif devant le nouveau spectacle par curiosité simple et morbide. Puis
après, il redevient indifférent comme avant. Julie se force d'ignorer le
spectacle de tricherie, s'offrant à elle et fixe intensément Mozie. L'un des
agents matraque le tricheur avec un club rétractable. Le tricheur s'écroule par
terre, entre Julie et Mozie, presque au centre d'eux. Demi-conscient, le
tricheur se fait relever par les agents, le front en sang, jusqu'à la droite de
la scène.
JULIE: Bon bien tant pis pour toi. Ça tombe bien, parce que
pour moi, de toute évidence, j'aurais rien voulu consommer avec toi.
MOZIE: HA! Il n’a absolument rien à consommer avec toi, non
plus. Et dès que j'arrive chez moi, organise toi donc pour pas que je te voie.
Mozie se leva
brusquement de table, faisant un léger pas de côté, tout en fixant Julie dans
les yeux.
MOZIE: Sinon, si je t'aperçois encore là-bas, je vais te
faire débouler les marches du deuxième.
Julie empoigne
également ses effets (manteau et sacoche), et file en coup de vent vers la
droite, en sortant de la scène.
MOZIE(pour lui-même): Fille de merde dans une ville de
merde, et ça ne fait rien que des conneries de merde.
Mozie prend son large
manteau de vison, dépose sur la table un billet de cinq dollars comme
pourboire. Il sort discrètement de scène vers la gauche.
Le garçon de bistro
entre de la droite de la scène, lave la table, tout en prenant son pourboire
discrètement. Il quitte la scène vers la gauche, aussi prestement qu'il est
venu.
SCÈNE 2
MILES MAURY, MOZIE
MITTY
Mozie entre en scène
par la gauche et on le voit traverser par la gauche et on le voit traverser une
porte d’entrée située également vers la gauche de la scène.
Mozie s’assoit encore
à une table-banquette, cette fois-ci elle est plus à gauche d’où il fut assis
dans la première scène.
MILES MAURY entre en scène de par le centre. Il apparaît
comme un Juif respectable, et tout de même, il laisse transparaître un âge
avancé. Il a tous ses cheveux bruns, assez longs et frisottés.
Miles remarque Mozie
assis à la table. Mozie le reconnait et esquisse un fin sourire, et lui fait
signe de la main de venir s’asseoir en sa compagnie. Ils se serrent la main.
MOZIE : Allô ? Comment vas-tu ?
MILES : Oh ! Pas trop mal. J’suis tout simplement au
bord de me marier avec une femme merveilleuse, ce Mercredi prochain. Mais à
part de ça, c’est la pleine forme.
MOZIE(extasié) : Oh ! Bien, toutes mes félicitations !
Et c’est qui l’heureuse gagnante, au juste ?
MILES (ironique) : Oh, je crois que tu vas te le
remémorer. C’est l’une des filles au secondaire, dont tu lui as fait vivre un
vrai calvaire. Un calvaire inassouvi en écoeuranteries. En tout cas, c’est le
moins que l’on puisse dire.
MOZIE : Est-ce que ce serait Louise « La
Dévisée » Roberge ?
MILES : Exact. Bien on se comprend que si aujourd’hui
je te rencontre dans le bar du Casino, ça ne veut pas nécessairement dire que
je t’invite au mariage. On est clair ?
Miles lève son verre
de Club Soda et prend une gorgée. Mozie reste interloqué et fronce légèrement
les sourcils. Puis après, il sourit amèrement. Le garçon apporte à Mozie et
Miles leurs boissons respectives.
MOZIE : Oh, je n’ai aucune envie d’ici peu afin de
visiter les mariages des autres, que ce soit mes amis proches, de la famille ou
de simples inconnus. À vrai dire.
Mozie prend lui-même
une longue gorgée de son Sex on the Beach.
MILES : Mais un jour, est-ce que tu voudrais te marier
?
MOZIE : Honnêtement, il y a trop amplement de chiasses
pour que je m’intéresse finalement à une seule. Tsé, le féminisme radical,
c’est en soi son propre châtiment. (Un instant) Les femmes m’ont
intentionnellement oublié. Elles oublient et ignorent tous ceux qui ne
sauraient pas leur subvenir. Elles veulent toutes devenir des grandes femmes de
carrière, mais une chiasse dans son optique de louve insatiable, est à la
recherche d’un « sugar daddy ». La femme de carrière cherchera
toujours à se faire vivre d’une manière ou d’une autre, sinon elle le quitte et
veut vivre inlassablement seule. Alors, elle découvre qu’elle préfère et de
mieux la solitude que l’autre homme. Pour elle, ce n’est jamais la solitude qui
va lui faire du mal. Un « sugar daddy », ça peut toujours lui faire
du mal, puisque c’est physique et brutal un homme. Un homme, ça a toujours détesté
l’échec, surtout si c’est la femme qui le fait échouer. Un homme hétérosexuel
et non gay, ne veut pas se faire devancer par sa femme, alors il est d’un brutal
sens de la compétition. Lorsqu’il se fait devancer par elle, il l’a
« corrige » psychologiquement, par de la violence psychologique, en
devenant passif-agressif.
Miles contemple Mozie
d’une absorption totale, tout en s’accrochant aux moindres de ses paroles.
MOZIE (enchaînant) : Un homme, ça devient facilement
intolérant envers tout, et ce n’est pas toujours drôle, surtout pour la femme.
Pour cette raison, la femme dans l’essor de son féminisme, rien que pour faire
valoir ses droits, s’est condamnée à devenir misandre. La femme a voulu devenir
l’homme à sa façon, et tout comme l’homme, elle doit valoir ses droits en
devenant plus féroce que ses semblables. Il faut qu’elle haïsse les hommes,
afin d’assurer sa survie. Une femme, même lesbienne masculine, va peut-être
vivre dans la peur de l’homme jusqu’à la fin de ses jours.
Mozie pivote de
nouveau son cocktail, son « Sex on the Beach ».
MILES (pris de court) : Oookayyy…. T’as pas chômé dans
ton étude des sexes, on dirait….
Mozie hausse malicieusement
les sourcils, et cale son « Sex on The Beach ».
MILES (le souffle court): Juste par curiosité là…
Qu’est-ce que tu fais des relations homosexuelles et gays ?
MOZIE : Oh ! Je n’ai juste pas d’opinions. Remarque, je
n’ai strictement rien contre eux.
Une longue pause
MILES : C’est tout ?
MOZIE : M’ouais, apparemment, c’est rien que ça.
MILES : Qu’est-ce que tu trouves de l’union légale des
homosexuels ?
MOZIE : Justement, je n’ai rien contre ça non plus.
Une pause
MILES(fasciné) : Mais encore…
MOZIE(agacé) : Bon, t’es tombé follement amoureux de
moi, soudainement.
MILES : Bien non !
MOZIE(enjoué et goguenard) :Bon d’accord, sache que
j’ai rien contre la flamme que tu caches secrètement pour moi. T’as juste à
arrêter de vivre dans la négation totale, pis sort du placard.
MILES (interrompant): Oh ! Il y a beaucoup de choses
que je cache secrètement à ton sujet, mais regrettablement pour toi, ce n’est
pas de l’homosexualité ou de l’amour pour toi. Aussi, je t’apprécie juste assez
sommairement comme ami, mais pas vraiment plus.
Mozie fixe sauvagement
Miles d’un regard en colère. Dans son ton, il se sent très piqué au vif.
MOZIE(ton coupant) : Bon bien dans ce cas là, ton
homophobie me fait dégueuler ! Simonaque !
Mozie se lève
prestement de table, emportant son manteau de vison et foulard.
MILES(conciliant) : Prends le pas comme ça !
MOZIE (en colère) : Comment tu veux que je le prenne
autrement, mon cawlisse de plein de marde ? C’est toi qui cherche justement à
faire chier le monde avec tes petites prestances d’imbécile le plus heureux du
monde. L’homophobe qui déteste les gays parmi tout sur la terre ! Si on avait
continué notre petite conversation, peut-être que tu m’aurais déclaré en
boutade que l’on devrait faire quelque chose avec eux, comme les incinérer un
coup parti. Est-ce que c’est ça ?
Progressivement, tous
les employés et les serveurs, et le maitre d’hôtel du Bistro les encercle, avec
le maitre d’hôtel le plus en grogne visiblement. Mozie se prosterne
devant lui, faisant dos au public.
MOZIE(indigné) : C’est avec de la haine de cette sorte
là, que notre pays vit dans une arriération mentale majeure de marde. Pour ça,
ton jugement de marde animé par de la haine, veut trouver tous les condamnés
possibles.
Miles commence à perdre
les pédales lui aussi, mais essaie de se dominer.
MOZIE : On a tellement rétrogradé que l’on est au stade
des primates. Et comme de primates, ça condamne la différence ! Mais là…
Mozie revient à
lui-même et à ses sens, et essaie de reprendre son calme. Il essaie de se
maîtriser.
MOZIE : Hostie que tu ne vaux pas mon temps, ni même
celui de la mariée, ni même de personne d’ailleurs.
Mozie sort de la scène
par la gauche, en trombe, tout en passant au travers du cercle de serveurs, le
laissant aller à la porte. L’une des serveuses
venant du cercle de personnel, s’approche de Miles en toute discrétion.
SERVEUSE (voix nasillarde) : Je ne voudrais pas casser
votre fun de chicane de couple. Mais si lui vient de sortir, ça reste vous à
payer la facture.
MILES(contrarié): M’ouais, okay. Je vais venir de ce pas à
la caisse.
SERVEUSE(le même ton) : Ben tant mieux, parce que c’est
mal vu des « dine and dash » dans le Casino de Montréal
MILES(irrité) : Bien mademoiselle, j’ai dit que
j’allais payer ! Ma parole, elle ne vaut plus rien maintenant !
SERVEUSE(voix feinte) : Okay….
Miles se dirige vers
le côté gauche de la scène, paie le montant à la caissière. Miles sort du
restaurant vers la porte d’entrée de la gauche.
RIDEAU
SCÈNE 3
Lieu : GARAGE DE STATIONNEMENT – CASINO DE MONTRÉAL
MOZIE MITTY, ROXY
LAFLAMBÉE, SYLVIA RICHARD
Mozie sort du casino de par les portes en plexiglas et se retrouve dans
le garage, à cet effet. Mozie se promène
sur la chaussée, dans la large séparation des rangées de voitures garées.
ROXY LAFLAMBÉE sort de l’une des
rangées d’autos, et reconnaît Mozie sur la chaussée. Mozie marche en direction
de sa voiture.
ROXY : Hey ! Mozie !
Mozie se retourne paresseusement et constate Roxy s’appuyant sur le
capot d’une Porsche noire. Mozie fait un léger sourire en coin et va en
direction de Roxy.
MOZIE : M’ouais, allô.
Qu’est-ce que je peux te faire ?
Roxy devient nerveuse, ébranlée de la mauvaise humeur de Mozie.
ROXY : Quoi, ça va pas ?
MOZIE : Euh non, mais ça
pourrait toujours être pire.
ROXY(souriante) : Est-ce que
c’est pire ?
MOZIE : Non, mais c’est
néanmoins possible. J’espère que tu ne t’emmerdes pas trop.
ROXY(malaise) : Bon okay.
Mauvaise soirée et mauvais moment, bon.
MOZIE(l’interrompant) : Non,
tu peux me parler. Je ne vais pas t’engloutir. (souriant) Surtout vers le bas.
ROXY(sourire acerbe) : Bon
tant mieux. Parce que la dernière chose que je voudrais de toi, ce serait ça une
espèce de viol verbal de toi.
MOZIE : Oh ! Mon humeur
n’est pas si dévastatrice que ça, ces jours-ci.
ROXY : Bien, on l’espère
pour ça.
MOZIE : Toi, ainsi que la
gent féminine.
ROXY : Exactement.
MOZIE : Bien la gent
féminine pourra ériger un autre continent au complet, tout en séparant de moi
et des hommes. C’est tout ce que je lui souhaite. Mais en particulier, je veux
qu’on se sépare de moi, c’est un cas prioritaire.
Roxy déambule au même pas que lui, et approche sa main droite à son
visage. Elle lui caresse la joue.
ROXY : Qu’est-ce qui s’est passé mon beau ? Ta job te
déçoit ? Ta famille te déçoit ? Une femme t’a
déçu ? (en pouffant de rire) Ta mère t’a déçu ?
déçu ? (en pouffant de rire) Ta mère t’a déçu ?
MOZIE(ironique) : Non, les femmes me vexent en
littéralement tout en général.
ROXY(perplexe) : C’est si
grave que ça ?
MOZIE : Oui, c’est si grave que ça, c’est devenu une
union de la poufiasse. La poufiasse de rien qui déteste le garçon québécois,
sans rime et sans raison. Bien logique, ça fait presque trop « cause à
effet ».
ROXY : T’es pas en train de me dire que toutes les
Québécoises sont des salopes ?
MOZIE : Pas toutes, mais pour une minorité irréductible
oui. Et si cette minorité là se retirait dans un continent, elles s’amuseraient
toutes à se faire chier, au lieu de m’entourer dans leur acerbe compagnie. Elles
nommeraient leur nouveau pays «Québéna» ou «Canadana» si elles sont
fédéralistes. Ce serait bien sûr la presque utopie pour les bons hommes, tout
autant que les bonnes femmes, vivant sur une terre propre.
Roxy esquisse un
sourire.
ROXY(souriante et coquine) : Et un continent pour les
mauvais hommes ?
MOZIE : Ce ne serait rien de moins qu’une infâme
dystopie fratricide. (Une longue pause) Sans honneur, sans amour, sans courage,
sans valeur, sans humanité et sans rien. Haine et psychose régneraient en roi
et maître.
ROXY : Ce qui serait aussi la même affaire dans un
continent de mauvaises femmes… (Cherchant une réponse chez Mozie) Non…
MOZIE : En revanche, si les femmes mauvaises font des
crimes haineux, elles deviendraient comme des hommes en s’adonnant également à
la gonflette, en voulant s’évader de leur continent pour s’introduire dans
notre terre propre. (Une pause)Mais une femme musclée à l’extrême comme un Arnold
Schwarzenegger et bourrée de stéroïdes, c’est un peu révoltant.
ROXY : Parfaitement d’accord avec toi, c’est
dégueulasse.
MOZIE : Bien oui, c’est dégueulasse. J’aime une femme
qui pense comme un homme, sans qu’elle le devienne pour autant.
ROXY : Ouais, ce serait vraiment trop.
MOZIE : Bon maintenant, tu m’excuseras, mais je suis
pas mal racké ce soir. Je n’ai plus envie de parler, ni à toi, ni à personne.
ROXY : Bon okay, bye. Prend soin de toi. Mon petit
prince, éternellement incompris.
MOZIE : Bye.
Roxy l’embrasse sur
les lèvres, et elle part en direction de sa Porsche noire. Mozie la suit du
regard. La Porsche noire sort de son trou de stationnement et sort du garage du
Casino.
Mozie continue sa
route et essaie de retrouver sa voiture en scrutant du regard.
Tout d’un coup, un PT
Cruiser noir bondit dans l’allée et allume sur Mozie ses phares éblouissants.
La PT Cruiser se précipite dans sa course sur Mozie. Il essaie de l’esquiver,
mais trop tard, il est renversé par la voiture, les pneus lui passent
par-dessus le corps comme un dos d’âne.
SYLVIA RICHARD, 19 ans, visiblement très ivre, même ivre
noire, sort de la PT Cruiser et va vers Mozie sa victime accidentée, étendu sur
l’asphalte. Elle est chaussée en talons hauts stilettos. Elle dégage une
apparence de danseuse de cabaret, une actrice de cabaret de la Rue St-Denis. Elle
s’agenouille par terre, presque sur l’estomac de Mozie.
SYLVIA : Hey monsieur, t’es tu correct ? (Elle rit)
J’t’ai vraiment pas manqué... Blague à part, m’entendez-vous ?
Le silence du garage
lui répond. Mozie git inerte au sol. La jeune femme blonde devient livide, et
s’affole au fur et à mesure qu’elle sort de sa torpeur. Elle prend son
cellulaire et signale le 911.
SYLVIA (très énervée) : Allô 911, il y a un homme
gravement blessé dans le garage du Casino de Montréal, je suis au troisième
niveau… Il est inconscient encore au sol. Des symptômes d’hémorragie cérébrale,
je le... je ne le sais pas. (dans ses dents et dans sa panique) Hostie,
réveille-toé, calvaire… (Elle secoue les lapels
de son manteau) Réveille-toé, crisse ! (vociférant à plein poumons) LÈVE-TOÉ,
cawlique ! (encore au cellulaire) Oui, il respire encore.
Elle court jusqu’à sa
voiture pour prendre sa bouteille d’eau Dasani.et essaie de l’asperger sur le
visage de Mozie. Mais rien ne fait semble-t-il.
Une ambulance d’Urgences-Santé
arrive sur les lieux, et installe Mozie sur une civière. L’ambulance arrive au
même moment qu’une auto-patrouille de la SPVM, et DEUX POLICIERS sortent au
même temps que les ambulanciers.
AMBULANCIER(à la femme blonde) : Êtes vous une amie ou
un proche ?
SYLVIA(ton vide et en larmes) : Euh non… J’suis rien pour lui. C’est moi qui l’ai
rentré dedans.
AMBULANCIER : Dans ce cas-là, restez donc ici. La
police va vous interroger.
Les policiers posent
des questions, et passe un ivressomètre à Sylvia. Les ambulanciers font rentrer
Mozie dans l’ambulance et quittent le garage.
Sylvia en pleurs se
fait menotter par les agents et escortée à la banquette arrière. On la fait
introduire, la main sur sa tête. Elle pleure encore et dans son hystérie, elle
cogne la tête contre la vitre de la portière. Les policiers rentrent dans la
voiture. L’auto-patrouille quitte le garage dans la tourmente.
RIDEAU