Mégantic : un poème descriptif - 10 juillet 2013
J’écris
pour oublier la canicule viscérale;
J’écris
aussi pour contrer les illuminations
Et les
tourments d’une tragédie des chemins de fers
Dans une
petite ville, éperdue de modernité
Et qui
secouait le pays dans son étreinte,
Où je fus à
l’abri chez-moi, quelque peu ravi de ma situation.
Lac-Mégantic
coula en flammes, de par les images télévisuelles,
Médiatisant
son triste sort, son enfer de lave pétrolière
Où les rues
et les bâtiments se trouvaient sur le bord d’un volcan en éruption.
Mégantic
devint un sinistre Pompéi pour une Vésuve
Éxistant
simplement
Pour un
seul jour.
Le
déraillement d’un train pétrolier dans une petite ville
Et qui
heurtait dans sa course infernale tout sur son passage
Telle une
chandelle romaine dans la nuit.
Les wagons
en flammes se tordaient sur l’ensemble des pâtés de maison.
Ce furent
l’éclair, le vent, les langues de feu, les plumes de fumée et la nuit
Où le souffle
d’une bourrasque naquit la vie à la destruction.
Le feu
consomme, détruit et respire de l’oxygène
comme un
être vivant, mais sans jamais réfléchir.
Une force
de la nature qui existe uniquement que pour détruire.
Et un
diable exultait la peur avec une poignée de feu, d’acier et de cendres
Pour ce
seul jour.
Le feu
buvait son pétrole
Et dévorait
la brique, le béton et le bois, autant que l’homme.
Laissant la
somme d’une désolation
Dans la
toundra d’une lave asséchée,
Les
villageois retrouvent les moellons, les cadavres et les cendres,
Tant qu’ils
peuvent.
Ils
retrouvent la charpie et le bois tendre,
Tant que la
lumière du lendemain sur l’asphalte pleut.
Les mille
clameurs d’horreur nocturne se sont tues
Et la vie
nous restait hélas si éphémère,
Si courte
devant le flash de la fatalité.
Le destin
fortuit agissait comme une girouette malfaisante
Dans le
temps d’une seule nuit
Pour le
train noir et enflammé de minuit.
À la
conclusion d’une journée, hélas je n’y peux rien.
On laisse
vivre et on essaie de sauver,
Tout comme
on cherche à châtier et à punir.
Or moi, je
ne fais rien, car ceci est l’œuvre des autres.
La santé et
la vie, plus puissantes que le feu, brûlent et ragent
À la
clôture d’une journée.
Et je
laisse le Méganticois faire, asservi par le hasard et de son sort,
Brûlant,
rageant et maudissant
Dans la
fermeture de ses journées.
Or il y a
la promesse d’un jour nouveau,
Où la vie
sans relâche continue, sans tenir compte de rien,
Ni de la
mort.
Elle
continue et tout renaît avec elle dans son temps advenant,
Où les
lambeaux se reconstruisent,
Et que les
morts funèbres transcendent les nombreuses naissances.
Et l’espoir
renaît, tant que la noirceur d’âme ne nous a pas assagi,
Tandis que
rien en ce monde ne mutilerait notre volonté.
-10 juillet 2013