Le plaisir coupable du ninja




On amorce la chronique en beauté, à propos d’un film qui incarne, ni plus ni moins qu’un énorme plaisir coupable pour une oeuvre du groupe Cannon. Notamment, le groupe Cannon fut une boîte de production, connu pour la production d’oeuvres de série B des plus exécrables, dans les exemples de The Barbarians, Class of 1999, Masters of the Universe, et une comédie musicale qui atteignait les profondeurs de la nullité abyssale, The Apple. Cannon Films, qui n’existe plus aujourd’hui, s’occupait de la production des films d’exploitation, tels que The Guyver, Cyborg Cop, durant les années 80. Souvent, la maison de production finançait des films de science-fiction, à très bas budget, tout comme les produits cinématographiques précédemment énumérés, qui constituaient un simple fragment de leur énorme répertoire.


Ninja 3 : The Domination(1984) était le dernier film d’une trilogie, dont le premier et le deuxième volet furent Enter the Ninja(1981) et The Revenge of the Ninja(1983). Il y a eu simplement une année d’intervalle entre le deuxième et le troisième film de sa propre trilogie, donc Sam Firstenberg amorçait déjà la production du troisième film, Ninja 3, en bâclant complètement son travail, en allant à la cinquième vitesse. Puisque les trois films ne suivent pas une continuité cohérente entre eux, Menahem Golan et Yoram Globus, les producteurs, les considéraient comme une trilogie, dû à l’apparition de son acteur principal Shô Kosugi dans les trois films. Dans les trois films, Shô Kosugi incarne trois personnages différents, et même à cela, on le considère comme une trilogie. Les trois films, en les classant dans un genre propre, sont des films de ninja. Vous me suivez jusqu’à maintenant ? Non ? Ça ne fait rien, ce n’est pas important. C’est juste pour mieux situer le contexte pour un film de série B, vous n’avez pas besoin de retenir cela pour un examen.


En écartant le fait que c’est le troisième film d’une trilogie, le récit de Ninja 3, construit par James R. Silke, est minable, de tout point de vue. Or, le film ne repose pas véritablement sur son scénario, mais sur la qualité propre de réalisation, produite avec excès dans l’action par Sam Firstenberg. Firstenberg est suffisament apte comme réalisateur pour nous donner un film bourré d’actions où les cascadeurs, costumés en ninja, livrent un féroce combat. Et cela vers une époque, où les images de synthèse et le CGI n’éxistaient pas. La chorégraphie des scènes d’action de Firstenberg est saississante, ce qui lui a valu à Ninja 3 d’avoir un certain statut culte parmi les fans de films d’exploitation ou de films cultes. Pour Firstenberg, la qualité de réalisation est à un point tel, qu’il est même capable de nous faire oublier la nullité du scénario et tout le film repose sur sa mise en scène, qui est excellente. Firstenberg, a déjà réalisé des films assez notoires, dans le répertoire des films de ninja, tels que American Ninja et American Ninja 2. Alors, le film d’arts martiaux et de ninjas était pour lui son genre de prédilection. Dans certains cas, lorsqu’un film possède un scénario terrible, le film est anéanti depuis le départ, alors pour qu’il soit sauvé, la mise en scène doit forcément dépasser nos attentes.


Le scénario de Silke agit comme le contrepoint de la réalisation de Firstenberg, parce que le travail d’écriture est paresseux, ce qui engendre une histoire folle et absurde. Cela va de soi, et l’histoire va comme suit : Un ninja vert assassine sa cible sur un terrain de golf, parmi plusieurs personnes. Lorsqu’il parvient à le tuer, il se fait pourchasser par la police, dont cinq agents de l’ordre lui criblent le corps d’une avalanche de balles. Le ninja disparaît dans une explosion de fumée pour s’évader de la police . Le ninja, moribond, cherche de l’aide. Une électricienne, accrochée au poteau, nommée Christie et qui est interprétée sérieusement par Lucinda Dickey, travaille sur un transformateur. Elle découvre un ninja vert qui s’écroule par terre. Étant juchée de haut, Christie descend du grand poteau électrique, pour le secourir. Le ninja vert, en la voyant, se défend d’elle croyant à une attaque. Le ninja, comprenant les intentions de Christie, lui demande son aide, en parlant japonais. Elle vient vers lui, et le ninja lui tend son sabre. Elle le prend d’une main, et ce dernier commence des incantations samouraïs pour posséder le corps de Christie, dans les fins de sauver son âme, en entrant dans son corps. Christie est possédée de l’esprit du ninja.


Je vous laisse imaginer la suite, et pour cette raison, avec un synopsis comme celui-là, on s’attend fortement à la définition propre de plaisir coupable. Le film contient une très bonne prémisse, mais un très mauvais récit, mais au moins la réalisation sauve le film.


La distribution est loin d’être exceptionnelle. Lucinda Dickey est possiblement bonne, sans vraiment être remarquable, mais vu qu’elle effectue les chorégraphies d’action avec une grande aisance, c’est plutôt une danseuse. Ce n’est pas exactement une actrice, et cela paraît. Shô Kosugi est renversant comme athlète d’arts martiaux, mais ce n’est véritablement pas un acteur non plus. Comme expérience unique, si vous aimez les nullités de films d’arts martiaux qui sont loin de la trempe de Bruce Lee, mais qui sont assez bons ou sympathiques, alors Ninja 3 est un film pour vous. Si vous cherchez un film d’action, qui n’est pas forcément intellectuel, bien je ne peux que davantage vous conseiller ce film. Si vous regardez dans tous les bons clubs vidéo, dignes de ce nom, vous allez probablement le retrouver, parce que ce n’est pas un film rare.



4.5*/10

La vraie valeur du film


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