Eastwood, Black et DiCaprio, les maîtres de la biographie

 
Ce film est la réunion de deux bons artisans du cinéma, ainsi que d’un artiste théâtrale assez important, et on constate dans tout l’éclat possible de cette réunion et ceci sans ménagement. Nous constatons la verve de la mise en scène, du grand Clint Eastwood qui est malgré tout un acteur d’une rare exception, mais qui au fil du temps, devient un réalisateur majeur pour une nouvelle génération. Nous constatons du talent scénaristique de Dustin Lance Black, se démarquant progressivement du lot à Hollywood, dans sa spécialisation pour le drame biographique, en tenant compte de son film précédent Milk, réalisé par Gus Van Sant, où Black remporta l’Oscar du meilleur scénario original. Dans un cas comme J.Edgar, Clint Eastwood, Dustin Lance Black et Léonardo DiCaprio pourraient se voir des nominations pour leur responsabilité respective, soit celle du Meilleur Réalisateur, du Meilleur Scénario Original et du Meilleur Acteur. On peut tout aussi bien envisager que le film soit nonimé aux Oscars pour Meilleur film de l’année. Ce serait une deuxième nomination pour Dustin Lance Black, en tant que scénariste. Clint Eastwood, ce serait sa énième nomination aux Oscars parmi de nombreuses, tel que meilleur réalisateur, tellement que son talent pour la mise en scène est précieux. Ce serait la quatrième nomination pour Léonardo DiCaprio comme Meilleur Acteur, et cette fois-ci, DiCaprio peut bien le remporter. Or, Eastwood, Black et DiCaprio sont des artistes qui ont remporté prix par dessus prix, tout au long de leur carrière, que conclusivement, ils n’en seraient que blasés. Pour eux, le seul fait d’être talentueux et compétent devient une simple question de routine. Autrement, ce que nous avons sous nos yeux, est l’épopée personnelle de la figure historique, se prononçant pour le public et les critiques, tel un énorme Oscar package.
La complexité d’un personnage, comme Hoover
Dans ce film, on nous livre le personnage complexe de l’un des plus grands enquêteurs américains de son époque et après, J. Edgar Hoover. La même figure historique qui donna la naissance au FBI (Le Federal Bureau of Investigation), et son tout premier directeur pour en rester aux fonctions de directeur jusqu’à sa mort. Hoover n’a jamais pris sa retraite. Il est fort probable que Hoover fut le seul directeur qui a connu une grande longévité de carrière dans un seul et même poste. Puis, par la suite , le FBI a probablement dû changer les durées des mandats pour les chefs et les directeurs, pour qu’il ne puisse pas rester dans les fonctions de leur bureau pendant un temps ridiculement longtemps. Hoover était directeur du FBI, de 1935 à 1972. C’est 37 ans en tout, depuis les présidences de Franklin D. Roosevelt jusqu’à Richard Nixon. Aujourd’hui, la limite pour un directeur du FBI est dix ans, ce qui est encore assez long.
Hormis ce détail dans le film, Hoover était un enquêteur de génie, et incroyablement zelé dans ses poursuites pour les criminels, que ce soit pour les criminels très notoires tels que John Dillinger, et Bruno Hauptmann, le ravisseur du garçon de Lindbergh. Tout le film en fait carrément cet éloge, puisque pour lui, capturer un criminel était absolument un jeu de recherches scientifiques, tout autant qu’Hoover fut d’une rigueur incroyable, pour les codes vestimentaires, et primordialement l'enquête. Alors, le complet brun et les robes en tailleur pour les femmes devenaient rois et reines dans l’établissement.
La façon dont DiCaprio incarne Hoover est rien de moins que brillant, car nous voyons tous les côtés de la personnalité de Hoover : sa grande rigueur, à un point culminant où il est réactionnaire, son homosexualité, se vivant dans le film, au sein de son compagnon Clyde Tolson, incarné magistralement par Armie Hammer.
Hoover se devait de vivre son homosexualité dans la séclusion, puisque sa propre mère, incarné avec contenance par Judi Dench, n’aurait jamais accepté que son fils soit gay, lui disant elle-même qu’elle aimerait mieux “ un fils mort, qu’un fils chochotte”. Les moeurs du temps étaient pour nous ancestraux. Hoover était réactionnaire en se faisant élever dans une certaine intolérance, par sa mère. Lorsque Hoover est devant sa mère, il se réduit à n’être qu’un simple garçon, encore couvert par son emprise, tel un enfant sous sa jupe.
 
La réalisation
La réalisation d’Eastwood reste magnifique, tant il se garde à conserver un style classique, tout en voulant que sa cinématographie repose uniquement sur le jeu des acteurs. Or, la cinématographie de Tom Stern est d’une belle rareté, puisque l’on essaie de convenir dans la texture de l’éclairage, une apparence crispée du cinéma des années 20. Mais ce qui semble versatile dans le talent d’Eastwood, est qu’il peut être capable de nous faire partager la vulnérabilité des homosexuels vivant dans une réclusion, dû à l’énorme préjudice des moeurs ambiants dans des drames sociaux. Or, Eastwood choisira des scénaristes, tel que Dustin Lance Black, pour que ses films deviennent fondamentalement orientés vers les personnages. Black, quant à lui, apporta une fulgurante adaptation pour le personnage de J. Edgar Hoover, lui dotant une certaine humanité, malgré son farouche tempérament de réactionnaire.
C’est une forte recommandation que je vous fais, si vous cultivez un certain intérêt pour J. Edgar Hoover, afin de vous éduquer sur le personnage historique. 4.9*/5 [youtube http://www.youtube.com/watch?v=vD99zwj-ZUg]

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