Cody, Reitman et le désintérêt total

 
 
Atroce, sera le nouveau mot-clé à retenir, parmi les autres mots-clés innombrables de mon extracteur à mots, afin de faire mon adéquat “copier-coller” dans mon champ de saisie. Autrement, nous pouvons aussi retenir le terme propre d'horrible, parce que c’est à cela que j’ai été subjugué. Autrefois, Jason Reitman et Diablo Cody ont collaboré ensemble sur le film Juno, une merveilleuse comédie emplie d’effervescence, dont le scénario fut oscarisé dans la catégorie du Meilleur Scénario original en 2007, et pour autant, Juno fut le premier scénario pour un long-métrage de Cody, à être produit comme film. Un début notoire, effectivement. En ce moment, Reitman et Cody ont collaboré une deuxième fois, pour leur première horreur ensemble , qui s’intitule aujourd’hui à l’affiche Young Adult. Le film est d’un ennui passablement mortel, et nous développons l’impression que Diablo Cody n’a plus rien à dire, et elle avait dit tout ce qu’elle pouvait comme contenu, dans Juno.
Le scénarisation de Young Adult, est complètement horrible, dû à la terrible prévisibilité de son intrigue, qui rend le rythme du film absolument grinçant, et pour cause également, que Young Adult devient complètement cousu de fil-blanc. On sait tout de suite qu’il va avoir un “déraillement”, et le punch du film repose en soi sur ce “déraillement”, et la conclusion de ce “déraillement”. L’intrigue principale est absolument pauvre et en six mois, c’est la plus pire histoire que j’ai eu à faire face en longtemps. L’intrigue va comme suit :
 
« Une auteure de romans pour jeunes adolescents, Mavis Gray veut reconquérir son ancienne flamme du secondaire Buddy Slade, en apprenant par un courriel envoyé par ce dernier, qu’il vient de mettre au monde son enfant, avec une autre femme. Mavis s’acharne dans la folie d’un amour qui renaît, et cherche à sa reconquête, tandis qu’il a déjà une vie et une famille. »
 
Quelque part, je peux reconnaître une influence là-dedans, puisque l’on reconnaît l’œuvre de Marguerite Duras, Le ravissement de Lol V. Stein. C’est aussi une histoire, arborant le thème de l’amour non-réciproque, mais qui s’est mieux fait, parce que c’était un drame complet, et non une comédie dramatique dans l’exemple de Young Adult, ce qui rend son articulation assez boîteuse. Il est assez rare qu’un film, ayant pour thème l’amour non-mutuel, va valser allègrement dans les deux genres principaux : le drame et la comédie. Si on fait cela, on ôte tout espèce de crédibilité à notre film, et on manque de consistance. Comme pour Young Adult, l’auteur veut faire purger la névrose de Mavis Gray, incarné dans le désintérêt par Charlize Theron, parce que nous ne savons pas encore davantage des véritables motifs de Mavis pour qu’elle puisse retourner avec l’ancien copain du secondaire. Se baser complètement sur son besoin d’amour n’est pas suffisant, il faudrait qu’il ait plus. Mais ce que l’on nous offre, serait qu’elle n’accepte pas que son Buddy soit dans les bras d’une autre femme. C’est complexe la névrose, on observe tout dans le personnage, mais le personnage ne s’explique pas. La névrose, pour un personnage, c’est excellent pour un roman, mais c’est atroce dans un film, parce qu’elle s’explique mal visuellement, et c’est le même problème qui afflige son réalisateur, Jason Reitman. Certes, expliquer visuellement la dépression, la névrose ou la maladie mentale, n’est pas dans l’essor de tous les auteurs et réalisateurs, car on l’explique uniquement dans le dialogue ou dans l’image, et pas autrement, au cinéma. Si nous sommes dans l’esprit de Roman Polanski ou de David Lynch, on explore dans une mise en scène fulgurante et extravagante, la folie ou la névrose d’une personne en restant dans sa subjectivité du personnage. Alors, c’est une belle leçon de réalisation que l’on peut faire à Reitman, puisque ce qu’il a produit, n’est même pas un film visuellement intéressant. La cinématographie n’est pas trop bien réfléchie, alors on se contente d’un style de réalisation simpliste à la Kevin Smith. D’autant plus, ce genre de réalisation simpliste fonctionne pour certaines histoires, qui sont proprement des comédies. Pour un drame comique, pour un mixe des genres, il faut nettement chercher à émouvoir.
Diablo Cody, se concentre uniquement à la construction de ses deux personnages principaux, Mavis Gary et Matt Freehauf, qui restent malgré tout inintéressants, si on considère les performances médiocres de Charlize Theron et de Patton Oswalt. Patton Oswalt est un humoriste américain merveilleux, et dans ce film, sa performance reste solide, or le jeu de Theron n’arrive pas à complimenter son jeu, et il y a une distance qui reste palpable entre les deux acteurs. Entre Theron et Oswalt, il n’a aucune chimie, et ils semblent mal assortis ensemble, et je doute bien que Reitman voulait cela, établir la distance induite par la beauté physique des personnages. Patton Oswalt, un homme d’apparence moyenne au corps solide et trapu, en compagnie de Charlize Theron, une actrice incarnant dans sa splendeur, une beauté intouchable et inviolable. Les mettre ensemble dans un même lit, contribue un peu à cette magie du cinéma, rien que pour dire au spectateur qu’il y a de l’espoir pour les hommes ordinaires, vivant des sérieux manques pour leurs besoins fondamentaux d’amour. En outre, c’est la seule scène potable et respectable du film.
Or autrement, c’est un échec complet, point de vue critique : mauvais scénario, mauvaise réalisation dans le vite-fait, et performances sommaires.
1.0*/5

Messages les plus consultés de ce blogue

Hollow Man(2000) - Bande Annonce de Maxime Laperle

Théorie du montage chez Sergei Eisenstein

Mégantic : un poème descriptif - 10 juillet 2013