Les Mésaventures de Tancrède Bâtard - Ép. 11 - Part 2 - L'interrogatoire

Dans l'antichambre isolé, se retrouvant de l'autre côté du miroir assez opaque, à double teinte. McCarver et Rivette, discutent ensemble des conclusions de l'interrogatoire de Tancrède.

McCARVER: Je ne crois pas qu'il soit un psychopathe, malgré qu'il semble assez clairement d'un type antisocial, parce que je ne l'ai pas acheté cette partie de sa version des faits, qu'il utilise un couteau Winchester, strictement pour la chasse. Il peut tout aussi bien s'acheter un Winchester pour se défendre des autres, et cela assidûment.
RIVETTE: Logiquement oui, mais avez-vous effectué en ce moment des recherches sur Bâtard ?
McCARVER: Oh ça ! Cela ne tardera pas. Aucunement !
RIVETTE : Si vous dîtes qu'il est d'un type "antisocial", est-ce que cela veut dire qu'il est clairement dangereux?
McCARVER: Non, pas tout à fait, il peut tout aussi bien vivre en séclusion comme un hermite, en isolation. Je dis cela, parce que Bâtard n'a pas exactement des antécédents judiciaires, ni un dossier judiciaire.
RIVETTE: Bon bien dans ce cas là, retournez à l'intérieur, et dites-lui qu'il devra probablement se fournir un avocat pour un procès probable.
McCARVER: Pourquoi vous ne lui dites pas à la place ?

Rivette semblait quelque peu irrité face à la légère objection du Docteur McCarver.

RIVETTE : Bon d'accord. Disparaissez donc dans ce cas.
McCARVER: Okay.

McCarver ressort de l'antichambre, avec toutes ses chemises et ses dossiers sous son empoigne ferme. Rivette sort de l'antichambre, et se dirige vers la salle d'interrogation pour retrouver Tancrède.
 Il ouvre la porte de la salle.

RIVETTE: Bonsoir Monsieur Tancrède.
TANCRÈDE: Allô.
RIVETTE: Je suis venu ici pour vous informer finalement qu'il va falloir vous embaucher les services d'un avocat reconnu.

En guise de réaction, Tancrède semblait, sur le coup, s'immoler sur la chaise d'acajou, qui ruinait son calme à force d'être toujours inconfortable. Son coeur plongea dans les profondeurs d'une fosse abyssale, comme si de rien ne pouvait lui retenir sa chute. Il écarquilla les yeux et devinrent globuleux de surprise et d'appréhension.

TANCRÈDE(se ressaissisant): Il va falloir que je me défends en Cour pour plaider la légitime défense, pendant que vous autres, vous n'êtes pas capable de le prouver ?

Rivette décide de s'asseoir à l'une des chaises, afin de lui expliquer la chose le plus posément possible.

RIVETTE: C'est à la responsabilité des tribunaux, afin de prouver qu'une personne, soit innocente avant d'être reconnue coupable, aurait agi en légitime défense. Nous ne sommes rien que la police, nous pouvons juste enquêter, trouver les preuves et les pièces à conviction vers cette même Cour, ainsi que tous les résultats de l'enquête à l'endroit de l'avocat de la Couronne. À la Cour, la seule affaire qui sera de votre essor, ne serait rien d'autre que votre témoignage. C'est tout ce que l'on demande de vous, point à la ligne. D'un certain côté, votre avocat, c'est un avocat personnel de la défense, pendant que l'avocat de la couronne se questionne sur les motifs de Melvin Robillard. D'autant plus, ce qui aurait plus grandement vous aider, n'étant pas véritablement le cas d'ailleurs, était le fait que Robillard aurait pu détenir un casier judiciaire. Robillard ne possède aucun casier judiciaire. Pour l'enquête, on se pose aussi la question pour les tentatives de meurtres, lorsque deux suspects ne possèdent aucun casier judiciaire.
TANCRÈDE: Mais ça, ce n'est pas un détail ?

Par la suite, Rivette se fit un peu plus intimidant, en inclinant le haut de son corps et de son faciès sur la table.

RIVETTE: Euh pour nous, c'est un détail, presque superflu, qui est très important.
TANCRÈDE(ironique): Ça, on n'en doute jamais.

Cangrèle pénètre dans la salle d'interrogation, le visage en effroi, et aperçoit Tancrède. Sur le coup, ils se lancent dans les bras l'un dans l'autre, or Tancrède se lève de chaise, embrassant encore dans les bras Cangrèle. Fortement émue et submergée d'émotions, elle frotte les yeux et les sourcils de son amant, tandis que lui est immensément soulagé de sa présence. Il lui bécote furieusement les yeux, le front et les joues.

Cangrèle se retourne vers Rivette, dont lui constate toute la scène des retrouvailles d'amoureux, dans la froideur et l'indifférence professionnelles. Elle se retourne, affligée, à l'endroit de Rivette.

CANGRÈLE(larmes dans la voix): Qu'est-ce qu'il va lui arriver ?
RIVETTE: Il va arriver Madame, qu'il devra se dénicher un avocat pour le défendre pour son procès de légitime défense, contre le suspect Melvin Robillard, votre attaquant.
CANGRÈLE(langoureuse): Merde, mais c'est pas vrai...

Elle se retourne vers Tancrède, dont ce dernier reste silencieux, se sentant aggravé déjà de son sort.

TANCRÈDE(irrité): Oui, c'est vrai. Il va falloir que j'engage Robert La Haye pour sortir mon cul de prison, pour prouver en Cour, que je n'ai pas voulu faire un meurtre au troisième degré.
CANGRÈLE: On va trouver le meilleur, si c'est le cas. L'un des meilleurs avocats que tu puisses jamais avoir.

Rivette parvint à attirer leur attention, encore assis.

RIVETTE: Nous pouvons vous fournir un avocat, si vous n'avez pas les moyens financiers pour ce faire.
TANCRÈDE(répondant vaguement): On verra... On s'arrangera...
CANGRÈLE: Oui, on va voir...

Rivette se leva et l'officier Jean Tremblay entra dans la salle d'interrogation. Tremblay prit ses menottes, et lui enserra sur les poignets de Tancrède, sous l'expression muette et désœuvrée de Cangrèle. Tancrède, quant à lui, fut désorienté et dépassé par les événements. 

Deux agents escortent Tancrède vers la sortie arrière du poste 32, du Centre Ville, pendant qu'un "panier à salades" l'accueillit, les agents rentrèrent Tancrède vers l'arrière, de façon paternaliste. On lui mettait la main sur la tête, pour qu'il ne se cognait pas la tête.

Le fourgon conduisait Tancrède vers l'ouverture principale de la prison de Bordeaux, où il se devait de séjourner durant ses deux semaines advenantes du procès de légitime défense. Tancrède débarque du fourgon, sous l'escorte des mêmes agents, et durant cette pénible escorte, l'un des deux agents faisait à chaque tour, des tâches administratives les plus diverses. Finalement, les gardiens de la prison s'occupèrent de lui, laissant les agents de la SPVM retourner vers le stationnement pour leur "panier à salades".

Les gardiens amenèrent Tancrède vers une rangée de cellules, où les portes de cellules se fermèrent hermétiquement. Ils le dressent devant la porte pour qu'il doit lui faire face, un mécanisme quelconque le fait ouvrir sous ses yeux, et en poussant légèrement le dos, on le fait déambuler vers l'intérieur de la cellule. Tancrède semblait comme dans un rêve. Rien n'était forcément réel, mais si tout l'était dans le plus infime des détails, la cellule reposait là sous ses yeux dans une fraîcheur immaculée. La porte de la cellule se referma derrière lui. 

Il s'approcha de la couchette, qui lui servira à l'avenir comme lit de fortune. Transi de solitude, sa tête ne devint rien d'autre qu'un néant mental complet, il devint froid et insensible sur le coup. Par la suite, il devait se parler à lui-même pour se réconforter, et pensait tout haut ses stratégies de défense, comme s'il discutait avec son avocat probable. Il pensait tout haut, parce que personne ne pouvait l'entendre de toute manière. Ensuite, il s'endormit profondément.

FIN

M.L


Le 11 septembre 2011

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