Chronique d'une colère de vieillesse ordinaire.

En ce Jeudi scabreux de chaleur humide et de soleil, je devais me taper l'une des plus lourdes tâches d'infortune, de celle de vider le garage avec ma blonde. Dieu seul sait quel genre d'irréversible capharnaüm que me réserve ce garage, puisqu'il venait de se faire remplir par les possessions du père décédé de l'ami de mon frère. Soit dit en passant, nous avions donné les clés du garage à mon frère, que l'on nommera Steve ici, pour qu'il puisse s'en occuper à son bon gré, et cela résulta en une grossière erreur.

Car le garage fut enfourbé de déchets et de meubles les plus hétéroclites que l'on ne pouvait s'imaginer, et encore plus pire, il fallait commencer quelque part, et cela n'était point une mince affaire. Il y avait de tout: une machine à laver, une sécheuse à culbute, une armoire, un divan rongé par les punaises probablement, quatre matelas, une table qui se déploie en deux, des grandes caisses bleus pour le déménagement, des immenses canevas de plastiques, des sacs à ordures remplies, des longs cadres, des boîtes, des moellons, des débris et pour finir des pelles. Une vision assez perplexe du chaos d'un garage. Auparavant, j'ai supplié à ma blonde de téléphoner 1-800-GOT-JUNK, parce que c'était ridiculement trop. Il fallait tout ramasser ceci, et les déposer dans des longues bines en cartons d'ordure, ou dans de gros sacs noir d'ordures. Un été qui s'annonçait en somme, assez détestable.

En produisant tout ce ménage de printemps d'un garage en compagnie de ma blonde qui heureusement détenait une patience pas mal longue, je passais un énorme coup de balais étanche afin de réunir au centre de la pièce, un large amas de poussière sulfureux, culminant en monticules et qui remplissait assez facilement trois sacs à déchets.

Il n'y avait plus de place pour mettre les ordures, parce que sur ma rue prédestinée Levington, j'en avais fait déjà une immense pile de toutes sortes. Le garage en soi, fut dans la ruelle, pour se rendre sur Levington, c'était le chemin le plus court, et lorsque je m'en aperçus, je me demandais si je devais me rendre à la rue opposé, sur la rue Parthenais, en déplaçant en une autre pile, le reste du stock inopportun. Finalement, ma petite pile de déchets qui résidait sur le trottoir, fit la colère d'une vieille septuagénaire. En me remarquant en train de déposer un sac rempli sur l'autre pile respective, elle m'enjoint un:

"C'est à toi toutes ces déchets là.
-Oui, fis-je.
-Ben ôtes-moi donc toute ça, sinon j'appelle la police, fit-elle en dernier."

Je n'ai rien répondu. Après tout, je suis occupé à nettoyer le garage, pas pour m'en faire de ce que pense le voisisinage sur ce que je fais.  La police viendra parce que moi, je veux nettoyer mon garage ? De plus, ma blonde, que l'on nommera Jacqueline, avait appelé la ville au préalable de prendre les déchets qui seraient sur les deux rues avoisinantes, jointes par la ruelle.

Je retournai dans le garage, et ressortis les immenses lots de déchets sur ma rue prédestiné de Levington, afin de m'épargner un énorme lot de conflits de voisinage avec des idiots, qui n'aimeraient pas voir quelqu'un en train de nettoyer son garage. Bref, lorsque l'on est pauvre et rustique, on ne veut voir personne qui essaierait de devenir propre.

Un peu plus tard, le mari de la vieille, torse nu laissant apparaître ses larges bourrelets, et vêtu encore d'un pantalon brun, est venu nous rencontrer, lorsque l'on nettoyait le garage, il interpella Jacqueline un peu brusquement, et la gentille conversation entre bons voisins fut comme suit:

"Mais êtes-vous folle, crisse, fit le vieux, et vers ce moment, je dévisageais l'homme assez salement.
-Pourquoi ? fit Jacqueline.
-T'as toute crissement mis ta marde devant chez-nous, fit l'homme.
-Heille Monsieur, je paye assez de taxes, comme ça, puis en plus, j'ai appelé la ville, ils vont le prendre demain, alors lâchez nous tranquille.
- Mais t'es censé le mettre sur Levington là-bas, si t'es icitte, et à moi-même je pensais subitement : "M'ouais grossière erreur...Tsk". Et pour conclure, le vieil homme fit: "Il va falloir que l'on tasse ton stock et tu le mettes sur Levington.
-Bon okay, faites le, fis-je en cassant assez maladroitement mon silence.
-Parce que le monde s'enfarge dedans, fit le vieil homme.
-LÂCHEZ-NOUS, CRIME, fit Jacqueline."

En fait, Jacqueline était la propriétaire du bloc, où nous avions le garage, ainsi qu'un autre bloc, dont nous logions à cet effet.

Jacqueline voulait me rassurer, ce qui n'était pas nécessaire d'ailleurs, en me disant:"Le gars va pas m'assommer parce que je lui fais pas son bonheur. Il irait en prison direct.
- Ben tsé chère, je ne laisserais pas ça faire non plus, fis-je en souriant, on me passerait déjà sur le corps."


Le mari revint vers sa femme, et je pouvais l'entendre au loin, s'écriant à voix haute: "Bon, j'appelle la police." Finalement, la police n'est pas venue, aucun agent n'est venu, aucune auto-patrouille n'est venue. Juste rien. Bien sûr elle a mieux à faire, parce qu'en somme tout ce que nous faisons ma blonde et moi, seraient de nettoyer un garage, et ça dégage un gros nombre de détritus, un garage.

La journée terminé, il fallait tout rentrer encore ce qui restait de décombres, tout en mettant les choses dans l'ordre. Notre appartement était situé au loin, et quelquefois nous passions par où était la demeure de la vieille, en parcourant l'embouchure de la ruelle, en traversant la rue jusqu'à notre maison.

Moi et ma blonde, nous avons opté pour une autre rue pour se rendre à notre domicile, et lorsque nous outrepassions la rue, je vis la vieille qui avait pointé sa chaise berçante en direction de l'embouchure de la ruelle. Je présumais très bien qu'elle nous attendit pour nous engueuler. De plus, elle se levait pour contempler en coin dans la ruelle pour savoir si on allait venir en sa direction.

Je dis funestement à ma blonde, en pointant de l'index:
" Tiens c'est ça, la vieille.
- Ah okay, c'est juste des locataires.
-  Me semblait aussi."

Nous rentrons chez nous, sans aucune arrestation néfaste et sommaire, sur notre rue. Mais je commence à m'énerver à l'idée, qu'il va falloir que je vide ce qu'il reste du garage encore sur Levington. Ce n'est pas fini, toute cette conne histoire. 

FIN

Le 16 juin 2011

M.L

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