Les Mésaventures de Tancrède Bâtard - Épisode 1

Il se nomme Bâtard, Tancrède de son prénom. Bâtard de son vivant, de son caractère et de son espèce, et également de son nom de famille. Tancrède est visiblement détesté de tout le monde, mais il s'en fout parce qu'il est Tancrède, et c'est quelqu'un de très nonchalant avec la race humaine, de toute manière. Tancrède est tellement nonchalant avec la race humaine, qu'effectivement il est devenu professeur de lettres dans une école secondaire privée et minable au beau milieu d'un quartier sale et minable, au fin fond d'une région sale et  minable qui se nomme finalement Laval.

Tancrède Bâtard est professeur de français, tout autant qu'il est devenu un AA. Pour mieux se divertir et pour mieux se changer les idées, il écoute les vieilles émissions des séries de dessins animés pour enfants, tels que Les Calinours, Tom Sawyer, Goldorak, Pierre et Isa, ainsi que les petites séries Disney, comme Looping, Tic et Tac Rangers du Risque, Ken Le Survivant, Moi Renart et Boumbo, enregistrées sur des cassettes VHS. Tous les Vendredis soirs, Tancrède écoute ses propres émissions et les fait rouler dans une magnétoscope comme si les dessins animés ne seraient pour lui qu'une longue boucle infinie, continue et ininterrompue. Tancrède, tout de même, est un homme célibataire vivant dans son propre appartement, dans la trentaine avancée et est aussi bedonnant. On en déduit assez facilement que Tancrède est excessivement sédentaire.

Or ce qu'il faut remarquer est que Tancrède est un bâtard dans son sens second, et il est haï de tout le monde et n'attire pas la sympathie de tout le monde. Que voulez-vous il est un bâtard, ceci dit nous avons probablement fait le tour de la question avec Tancrède. Ah oui, nous avons oublié une dernière chose: Tancrède ne sort pas beaucoup de chez lui, il est presque agoraphobe, sans nécessairement l'être. Par conséquent, ses relations sociales sont plutôt schizophréniques de nature, spécialement à Laval. À Montréal, Tancrède passe pour quelqu'un de très normal, cela va sans dire.

Maintenant abordons ensemble une épisode dans la vie de Tancrède Bâtard.

Tancrède est au cinéma. Il attend dans une file avec soit dix ou douze spectateurs, faisant la queue pour voir le même navet (euh.. pardon) film que lui. Les douze spectateurs composés de garçons et de filles adolescents et adolescentes,accompagnés de quelques adultes, sont tous friands d'anticipation afin de voir le film qui serait sans contredit, The Hangover Part 2. 
"Heille que j'ai hâte de voir le film, dit la fille, en bouffant son maïs soufflé à sa manière propre, en plongeant sa tête dans son gros sac Large de popcorn du Cinéplex Odrion.
- Moé si, moé si dit le garçon, en gobant pour chaque syllabe de sa réponse deux gummy bears. Nos deux adolescents s'empiffrent le visage de friandises que cela en serait vraiment obscène à voir, tout en parlant la bouche très pleine, en dégustant de leurs cochonneries.
- Tffft, peste Tancrède de mépris, tout en ricanant d'amertume, dont sa réaction se fit entendre jusque vers la queue de la file.
- Vous êtes sûr que le film ne sera pas bon, monsieur ? répliqua la fille.
-C'est Hollywood. Ce qui est pas bon, ça devient un gage de normalité, répondit Tancrède à la fille.
- Pourtant la critique était bonne, riposta la fille avec une gêne et un certain retenue pour ne pas sembler impertinente.
- La critique ? M'as te le dire c'est quoi la critique ma petite, fit Tancrède, des vendus, des corrompus et des ignorants, des h***** qui sont juste cr******** payés pour avoir des opinions, tout en laissant paraître leur grosse et sale ignorance de m****.
-Pis vous Monsieur, vous faites quoi dans la vie, fit le garçon s'empressant de joindre ce passionnant débat, se situant dans la très petite antichambre de ce cinéma.
-Moé, fit Tancrède, chu prof de français, Ti-gars.
-Vous en avez tellement pas l'air, fit le garçon presque médusé des déclarations de Tancrède.
-Hey, ti-clin j'ai aucune crédibilité à défendre icitte j'suis pas à Cour comme l'autre élève qui a voulu me ramasser là-bas, faque je me contre-c******* assez bien que tu me crés pas.
-Pas obligé de sacrer monsieur franchement, répondit la dame en avant du garçon et de la fille.
-Bon okay est-ce que je peux vous violer à la place ? fit Tancrède laissant suggérer une énorme ironie d'un goût douteux. La dame écarquille furieusement les yeux en sa direction, sa bouche lui en tombe également et elle lui tourne le dos. Soudain elle quitte la file. Les adolescents eux-mêmes sont visiblement interloqués.
-Parlez-vous de même aussi à vos élèves ? fit la fille en esquissant un sourire malicieux pleine de convoitise.
-Non, juste aux truies. Les élèves par contre, c'est absolument beaucoup plus pire que ça.
-On est même plus certain que vous en avez encore des élèves finalement, répondit le garçon.
-Moé,j'suis certain que j'ai pas vraiment envie de t'avoir dans ma classe, non plus, fit Tancrède au garçon.

La dame revient escortée d'un agent de sécurité du cinéma, et elle pointe Tancrède du doigt. L'agent s'avance vers Tancrède. Il garde toujours son sang-froid, et il conserve un calme de marmoréen.

"Alors on a eu une chicane avec la dame, à ce qu'il me semble, dit l'agent.
- Bien non monsieur, dit Tancrède, vous n'allez tout de même pas croire cette grosse pute la tsé, et Tancrède pointe la dame.
-Ah ben, rit l'agent, son histoire est assez convaincante.
-Ben ça, ça dépend, on cherche toujours ce qu'on veut voir, fit Tancrède.
-Bon okay, ici c'est un milieu familial je ne veux pas de trouble, alors moi il va falloir que je te mettes dans un panier de salades de la police pour que tu comprennes de quoi, C'est tu clair.
-Parce que moi, j'ai besoin d'avoir une famille pour venir dans un cinéma à ct'heure, mon cr**** de Sherlock Holmes de m****. J'ai l'air de quoi d'un pédophile maintenant stique ? C**** ça ben l'air que tu vas finir Commandant de la SPVM dans un avenir horriblement lointain. Même à parier que ça va être un avenir inconcevable pour toé, stique. Laisse donc faire le panier à salades de la police, je m'en vas me rembourser mon billet, sprique, puis m'en aller de mon plein gré, si t'aimes tellement ça la parole des grosses putes, c****** d'idiot."

En guise de réponse, l'agent matraque sauvagement Tancrède sur la tête, et deux agents l'escortent à la sortie du cinéma.  On lui lance par terre l'argent liquide de son remboursement au cinéma.

"Pis reviens donc plus, tonna l'agent.
-C'est gros Montréal, il y en a plein des cinémas, rétorqua Tancrède, you dumb fuck.
"

Tancrède se lève debout, prend les dernières pièces de son dix dollars au cinéma, s'incarnant en ce moment en deux frêles billets bleus de cinq dollars. Finalement, il décide de retourner chez lui, et met le cap vers sa maison.

-FIN


Le 28 mai 2011
M.L

Commentaires

Messages les plus consultés de ce blogue

Hollow Man(2000) - Bande Annonce de Maxime Laperle

Mégantic : un poème descriptif - 10 juillet 2013

L’art du débat : ma première expérience à VOXTV