KICKASSIA! / Réal et Scén : Douglas Walker - Walker, un René Clair en puissance de sa vieille jeunesse: un film dadaïste





Souvent, il m’arrive de contempler des films qui sortent des normes et des conventions, et ce film de Douglas Walker ne fait pas exception à la règle. Que dire à propos de ce film, tandis que toute la surréalité pourrait en découler en un seul jet, en nous balançant à la figure, une folie pure de l’image et de l’histoire ? Le premier film de Walker est précisément cela, une énorme folie commise dans l’excessivité de ses personnages. Walker possède un mépris bestial pour le récit avec une narration logique et efficace, puisqu’il ne cherchait pas la banalité de l’histoire conventionnelle. Il recherche plutôt la démence humoristique des personnages, surtout si c’est lui-même qui interprète les personnages.

Ce film de Douglas Walker est une longue et grande folie exacerbée, enfantine et pure, et qui ne possède aucune restriction avec ses envolées et licences artistiques et suréelles. Certes, c’est une très longue folie en son contenu, mais qui est merveilleusement bien réalisée. Nous sommes imprégnés par le dadaïsme en cinéma de Walker, et nous ressentons assez posément l’essor d’une passion pour son médium. Je crois que je vais adorer totalement son oeuvre, à la seule condition qu’il puisse faire un film sur la douce amère folie en tant que thématique, tout comme pour l’exemple de Marguerite Duras, dans la pratique de son art.

Des personnages hauts en couleur

Étant donné que la large distribution du film se constitue des critiques web du site ThatGuywiththeglasses.com, les critiques me donnent l’impression qu’ils viennent tous d’une même troupe de théâtre, ce qui lui procure une force d’unité dans cette large dynamique de groupe. Je fus tout de même surpris de revoir Brad Jones, incarnant encore son personnage du Cinema Snob, mais je dois dire que depuis l’expérience de Cheap, il s’améliore dans son jeu. Walker, dans son rôle du Nostalgia Critic et du dictateur pinochetiste, est l’incarnation propre d’une folie névrosée, exacerbée dans ses moindres recoins de l’âme, tout en voulant faire une psychologie de la manipulation à l’endroit des autres critiques et de lui-même. Noah Antwiler, en usant à fortes doses, un régistre du théâtre kabouki, vacille entre le jeu « over the top », et la discrétion d’une personne effacée. Étant donnée si le critique Noah Antwiler était une personne effacée. Lewis Lovhaug assure une présence efficace et drôle, en se moquant un peu de lui-même dans une tangente auto-parodique. Tous les acteurs, qui sont à la base des critiques web, sont absolument excellents et personne ne joue faux. C’est tout de même très rare.

La mise en scène

Ce qui apporte un certain détriment à ce film, est le fait de son immobilisme, dû au grand minimalisme de ses décors. Effectivement, il y a tout simplement trois décors majeurs de l’action principale : une chambre d’hôtel, un champ labouré de terre battue et la maison du dictateur déchu.

Or, l’essor dadaïste de ses personnages et de sa réalisation parvient à nous faire oublier du côté immobile du film.

Le scénario

Étant donné que l’on a misé efficacement sur le style, le récit suit de manière primitive la simple histoire d’une bande de critiques web qui veulent conquérir un pays d’un dictateur en le renversant. Le récit et le scénario en souffrent indûment, en lui manquant de créativité, et toute l’histoire en devient « cousue de fil blanc ». Le film devient abominablement prévisible.

Pour conclure, je vous suggère fortement de voir ce film pour la mise en scène, ainsi que les acteurs, tout en lui excluant son histoire qui ne devient que plus accessoire dans ce film.


3,9*/5

M.L

Le 12 avril 2011

     

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