Cheap (2005)/Réal et Scén :Brad Jones – Un premier film foireux

Le premier film indépendant du cinéaste, natif de l’Illinois, Brad Jones, et tout comme son titre l’indique, c’est fait assez cheap.

Pour le premier film de Brad Jones, en tant que réalisateur, scénariste et acteur, c’est un film assez foireux en effet. Le long-métrage est beaucoup plus bas en rapport de sa qualité que la plupart de ses vidéos de critique sur son site. Une qualité qui reste encore supérieure. De plus, ses vidéos de critique de cinéma sont conçus à travers d’un personnage snobinard, nommé The Cinema Snob. Le personnage lui-même s’inspire et parodie à son tour de tous les critiques condescendants new-yorkais en cinéma, alors pour cette raison il est plus facile pour moi de reconnaître les sources diverses de parodies. Dans ses vidéos de critique, Brad Jones interprète ce personnage de critique snobinard pour discuter hautainement de films exploitation, et les films de série B et Z. Le résultat en est qu’un bon tour comique, très divertissant. On peut trouver le film dans son intégralité sur son site.

Mais afin d’être objectif sur un film, il faut savoir assumer sa critique. Il faut le faire malgré le fait que durant son contexte de production, Jones a voyagé au travers de 5 différents enfers pour le façonner. Regrettablement, le résultat est aussi merdique. Chaque aspect de ce film semble désastreux en tout, que ce soit la scénarisation, la réalisation et l’interprétation.

La réalisation


Le film souffre d’une grande incompétence technique : l’éclairage. Apparemment, Jones, tout autant que son directeur-photo Miles Thorne, ne sait absolument pas manier l’éclairage. Et durant tout le film, nous avons l’impression de contempler un mur noir dans l’obscurité, tellement que l’éclairage dans ce film est immonde. Le film n’est plus regardable comme du monde. Pour un réalisateur tel que moi, c’est un défaut absolument impardonnable. Même un très mauvais film en contenu se rachète brillamment avec une très bonne cinématographie et un très bon style.


Vers le côté de sa réalisation, Jones voulait émuler le style du cinéaste new-yorkais Abel Ferrara, tout autant que Martin Scorsese, mais échoua aux deux tentatives, parce que Jones ne propose pas un style de réalisation venant de lui-même, de son propre cru. Moi, je ne veux pas nécessairement le style d’un autre cinéaste quand je vois un film, mais le style original de son créateur qui façonne le film que je contemple en ce moment. Or, on constate que dans sa réalisation, Jones a adopté le style naïf et banal du thriller policier. La mise en scène reste très pauvre et très amateur. Certains acteurs livrent des belles performances, mais Jones ne sait pas instinctuellement diriger des acteurs.


Le scénario

Le scénario est atroce, reste à savoir que toute l’histoire est absurde, ainsi que ses personnages principaux et secondaires sont parfaitement idiots et déconstruits. L’intrigue manque incroyablement de cohérence et de consistance, surtout dès que l’on considère le récit qui semble très syncopé et inconcluant. La prémisse en elle-même est assez bonne, si on possède le talent de Martin Scorsese ou d’Abel Ferrara pour l’exploiter et le développer: « un réalisateur de film porno de jadis, veut encore briser dans l’industrie de la porno, en créant et produisant des films snuffs. Il obtient l’aide et le soutien d’une pute et d’une jeune fugueuse, ainsi que d’un caméraman, ancien collègue. De plus, il décide de se venger sur un producteur crapuleux de films porno qui l’aurait trompé et malmené. » Tout le scénario avait besoin d’être mieux développé, parce qu’il possède des trous aussi gros que des camions, dans l’intrigue, ainsi que la motivation des personnages. Les dialogues sont excessivement laborieux et n’ont aucune naturel, c’est à croire que c’est un ramassis de tous les clichés des films polars et des thrillers psychologiques. De plus, ils semblent plaqués pour les personnages et les acteurs.


L’interprétation

Or de tout cela, la seule performance qui reste mémorable est celui de David Gobble, dans le rôle caricatural de Max Force, dans toute cette orgie d’incompétence technique. Brad Jones, le réalisateur du film, qui joue le rôle premier du réalisateur de films porno, ne sait pas jouer et ne détient aucune crédibilité. Le reste des acteurs n’est rien de plus qu’une fosse abyssale de médiocrité, personne ne sait jouer dû au fait que personne est un acteur professionnel. On dirait un festival de théâtre d’amateur, lorsque je veux voir des vrais acteurs livrant des performances parfaites et solides, tandis que je veux voir également un vrai film.

En guise de conclusion, pour un premier film, c’est un échec monumental.

0.5*/5

M.L

Le 6 mars 2011

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