SPÉCIAL HALLOWEEN! : Halloween, l'original de John Carpenter (1978), Scen: J.Carpenter et Debra Hill- Entrevue du maitre et critique

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L'ENTREVUE

Il faut toujours laisser la place a un maître  afin de mieux parler de son oeuvre, malgré le fait que son interviewer lui pose des questions impertinentes et ne le laisse pas finir. Mais en fin de compte, c'est presque la meilleure discussion qui existe sur le cinéaste et son film, et c'est fait par un critique britannique, Mark Kermode qui conduit l'entrevue avec lui. Dans cet entrevue, John Carpenter est tellement calme et maître de lui, même dans un vieil age avancé que cela le rend nettement plus "cool" que n'importe quoi d'autre. Carpenter discute du film comme si ce n'était rien, que son accomplissement dans son grand classique d'horreur était tout simplement naturel.
Ce que j'adore de l'entrevue de Kermode, malgré que lui-même soit guindé et puant dans la pédanterie, est le professionnalisme artistique de John Carpenter. Pour Carpenter, il n'a pas un moment, ou il ne savait pas ce qu'il faisait. Il était conscient de tout, et rien n'était laissé au hasard ! En ce moment, je vous laisse avec ce bijou d'entrevue avec l'un des grands maîtres de l'horreur, puisqu'eux vont a travers de toutes les scènes clés du film en l'analysant.

LA CRITIQUE

Maintenant passons au film original (1978) de John Carpenter, puisque le classique fut lui-même sujet d'un remake inutile en 2001 de Rob Zombie.

Au début, ce qui fait souvent le sujet a l'analyse, sont les personnages principaux du film, Laurie Strode et Michael Myers, pour les raisons qu'ils sont très bien construits, et qu'ils ont un rapport de force très intéressant. Ils deviennent la seule raison pour que le film nous fascine encore a ce jour, car les deux agissent comme des alter-egos, en se complétant l'un ou l'autre. Laurie Strode, interprétée par Jamie Lee Curtis, est une fille, dans tout le film, timide parce qu'elle garde tous ses désirs d'amour et de pulsions sexuels, en dedans, en les refoulant au tréfonds d'elle-même. Michael Myers est un psychopathe masqué qui, apparamment, ne refoule pas ses désirs d'homicide ou de meurtres, car ce sont des désirs qui se mêlent avec la passion et la sexualité. Or, Myers n'agit pas en être humain normal, et ne l'a jamais été durant toute la série des films d'Halloween. C'est quelqu'un qui est encore régressé au stade d'un bébé qui ne peut parler, mais qui peut encore marcher comme un adulte. Il n'a pas de but, autre que de tuer. Dans l'original de Carpenter, tout ce que l'on sait, est qu'il est le mal personnifié, et que cela se termine la. Dans la version de Rob Zombie, Halloween (2001), on voulait approfondir l'histoire et le portrait du personnage, Michael Myers, en essayant de le rendre comme une vraie personne, tandis que Carpenter le confirme lui-même dans l'entrevue que Myers n'était jamais une vraie personne pour commencer. Myers attaque les jeunes adolescents qui vivent normalement leurs relations sexuelles, probablement par jalousie parce qu'il ressent des désirs sexuels, mais il est carrément incapable de les exprimer, car il est régressé émotivement comme un enfant autiste.

Laurie Strode, quant a elle, est tout aussi asociale que Myers, mais elle est timide, au lieu d’être psychopathe, comme Myers qui ne peut exprimer ses désirs, mais qui les exprime a travers le meurtre. Dans l'histoire du film, ils sont censés être frère et soeur. Alors, ils agissent comme des pôles opposés, Laurie Strode est le jour, tandis que Michael Myers est la nuit, ils ont les mêmes répressions, tout en ayant des caractères qui se dissocient pour s'occuper de leurs répressions d'amour et de sexualité. Il faudrait savoir comment les psychopathes arrivent a gérer leurs désirs, quand ils ne peuvent bien les exprimer dans des cas cliniques. Laurie Strode ne se met pas a attaquer ses amis qui font l'amour dans l'intimité, mais qui nous dirait qu'elle ne serait pas jalouse une bonne fois du bonheur de bon-vivants des autres. Myers, quant a lui, exprime cette jalousie par le meurtre, et rien de plus. De plus, il ne faut pas se poser trop de questions au sujet de son intelligence, car il est largement comme un débile profond autiste. Un débile profond qui est devenu bestial. Bref, dans le film, tout comme le remake, il est en ce que vous voulez. Certains psychopathes n'ont aucune difficulté à s'exprimer, et sont tout autant portés a manipuler les gens autour d'eux dans les fins d'avancer leurs propres objectifs.

Carpenter a rajouté le fait qu'il voulait procurer un élément surnaturel au personnage, nous laissant croire qu'il avait la possibilité d’être partout a la fois durant la nuit, comme un être omnipotent. Carpenter ne voulait pas que Myers parle le moindre mot ou chuchotement, parce que Myers se devait être une force de la nature. Voila pourquoi, on ne voit pas son cadavre au dehors des que le Dr. Loomis tire sur lui dans la chambre a coucher. Il tombe au bas d'un balcon, après 5 balles dans le corps, et on ne voit plus son cadavre.

Par ailleurs, la réalisation du film est façonnée avec une certaine sobriété. Carpenter ne désirait pas une violence graphique, ce qui aurait donné au film un ton de violence exploitation. Alors, son réalisateur fut largement plus enclin de produire un suspense, plutôt que d'un film d'horreur graphique, car si on poussait la violence a son paroxysme, on obtiendrait tout de suite un film de séries B ou Z. Un film qui ne laisserait rien a l'intelligence, tout autant que l'imagination. De plus, on examine le style qui reste carpentérien, lorsqu'il fut le premier cinéaste a incorporer de manière plus habile que ses prédécesseurs  le plan subjectif du point de vue du meurtrier. Or, ce fut dans ce classique que l'on constatera du génie de la mise en scène pour Carpenter, tout en sachant que tout l'écriture du film laissait transaparaître sa personnalité. On constate ce même génie de la mise en scène, dans les films Les Aventures de Jack Burton, New York 1997, Le Prince des Ténèbres, L'homme des étoiles, Le Brouillard et Les mémoires d'un homme invisible. Son style est très néo-noir, le rendant semblable a Brian De Palma ou Bob Clark.

L'histoire du film, scénarisée par Carpenter et sa petite amie de l'époque Debra Hill, est extrêmement bien fignolé. Nous sommes resté comme impression, en tant que critique, qu'il y a eu un travail d’orfèvre  inséré dedans. A l'égard de son contenu, c'est l'amélioration d'une légende urbaine, que l'on cherche a approfondir, en le rendant comme une histoire plus complète et bouclée. Tout le monde la connait presque cette légende urbaine : une gardienne d'enfants s'occupe d'un enfant a la maison, et tard le soir, elle reçoit des appels téléphoniques d'un fou meurtrier qui essaie de la faire peur et de l'intimider. Le fou meurtrier menace de la traquer jusque chez elle, pour faire exploser la demeure, tuer les enfants sous sa garde, etc. etc. Elle recontacte la police pour tracer l'appel, et en retraçant la ligne téléphonique, le meurtrier est dans sa maison, mais dans le grenier.

Déjà, c'est une histoire vieille comme la gale. Je crois bien que ce récit fut construit quelque par durant les années 50. Mais dans ce film de Carpenter, elle détient toujours un souffle nouveau  Elle parait encore fraîche  malgré le fait que c'est la même histoire de Black Christmas (Bob Clark, 1974). Le film est sorti, quatre ans avant la sortie en salle d' Halloween de Carpenter.

En somme, avec L'Exorciste (1971) de William Friedkin, Halloween (1978) de John Carpenter restera toujours un classique de la fête d'Halloween, et ceci pour des générations de cinéphiles a venir. Le style et les personnages sont extraordinaires, tout autant que son scénario est fignolé a l’extrême  dépassant l'anecdote pour devenir une oeuvre profonde de la peur.

Un film que j'ai toujours adoré durant ma jeunesse, plutôt adolescente.

5*/5

-M.L.

Le 23 octobre 2010

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