The Great Gatsby : La redécouverte d’un classique américain, au travers de l’exubérance de Luhrmann


Toby Maguire, Leornardo DiCaprio, Carey Mulligan, Joel Edgerton
Curieusement, j’allais visionner la seconde adaptation du classique américain de Francis Scott Fitzgerald, lorsque moi-même j’ai manqué quelque peu à mon devoir de le lire. La première adaptation était une réalisation sommaire et potable de Jack Clayton en 1975, scénarisée par Francis Ford Coppola, mettant en vedette Robert Redford et Mia Farrow. Mais cette adaptation actuelle de Baz Luhrmann arrive à nous faire éclipser cette version de Clayton. Alors, tout ce que j’avais comme introduction à la grande littérature de Fitzgerald, était le film exubérant et extravagant de Luhrmann et qui ne manque pas d’ailleurs à utiliser la surenchère de son style pour éblouir dans le baroque le spectateur, tout comme son prédécesseur Fédérico Fellini. Pour toutes les personnes qui ne connaîtraient pas l’auteur américain Francis Scott Fitzgerald, un auteur qui subissait fréquemment des blocages, dès qu’il se devait d’entreprendre son travail d’écriture.

Ses blocages pouvaient lui durer des semaines ou des mois, et pour cette raison, il reste quand même un auteur qui a écrit cinq romans et dix recueils de nouvelles, en dépit de ses difficultés dans le processus de création. Parmi ses romans les plus célèbres, on compte bien sûr Beaux et damnés, L’envers du paradis, Tendre est la nuit, Gatsby Le Magnifique, Le Dernier Nabab et dans les recueils de nouvelles, il y a Les enfants du jazz et Les histoires de Pat Hobby. Comme un auteur américain, Fitzgerald vivait durant les années 20 et 30 tout comme ses romans sont en partie le reflet de son époque. Le travail de Fitzgerald s’inscrit également dans un courant surnommé Le Jazz Age, car sa littérature prenait les thèmes de la musique Jazz et les années folles que furent les années 20. L’atmosphère de la pré-prohibition et de la grande dépression dans l’urbanité new-yorkaise prend cette certaine ampleur dans le livre culte de Fitzgerald, Gatsby le Magnifique, et Luhrmann essaya de recréer cette atmosphère, mais en enlevant toute la sobriété qui caractérisait l’œuvre de Fitzgerald, au préalable. L’outil de choix chez Luhrmann est l’exubérance et le baroque, que ce soit dans la réalisation ou la mise en scène. Fitzgerald était un auteur sobre, parce qu’avant tout, il était nouvelliste pour le Saturday Evening Post. Il n’avait pas vraiment de l’exubérance dans le style et se devait de conter son histoire, la plus logiquement possible.

Pour faire un court résumé du livre et du film, Jay Gatsby est un millionnaire mystérieux qui veut reconquérir une ancienne flamme, Daisy Buchanan, dont les deux ne se sont pas vu depuis cinq ans, puisque Gatsby combattait en guerre, la première guerre mondiale de 14-18 pour être exact. Depuis ce temps, Daisy est mariée à Tom et ce dernier ne la respecte pas, car il fréquent une maîtresse. Dans le cours du récit, Gatsby se lie d’amitié avec Nick Carraway, un écrivain devenu courtier en bourse qui l’accompagne dans ses réceptions mondaines, étant son confident personnel. Nick Carraway est le principal narrateur du roman, comme pour le film.

Cependant, Baz Luhrmann a forcé une main de maître sur son œuvre et cela se voit dans tout, même dans son désir envahissant d’épater la galerie dans l’encens et la démesure. D’une certaine manière, Luhrmann aurait pu le faire pour un autre film, véhiculant un thème autre que les années 20, et le film ne démontrerait pas toute sa cohérence. En effet, Moulin Rouge arborait son thème du théâtre français can-can, mais dans un style baroque qui poussait vers la dernière extrémité. Luhrmann a produit son style exubérant, mais ne cherchant pas à pousser à la dernière extrémité en se contentant de reproduire assez fidèlement au contenu, le récit du roman. Luhrmann appliqua une bonne rigueur et cela sans rien de plus. Quelque part, il faut le faire, parce que l’on ne peut améliorer à partir d’un chef-d’œuvre littéraire. Alors, Luhrmann s’efforce de conter un classique, dans sa facture visuelle.

La distribution est absolument extraordinaire. Leonardo DiCaprio nous donne une prestation en tant que Jay Gatsby qui égalise la performance de Robert Redford. Sa performance est parfaite et il interprète un Gatsby avec mystère et verve. Tobey Maguire est sublime en tant que Nick Carraway, livrant une performance éduquée et sobre sur l’étude de son personnage, qui est un personnage premier dans le livre et au travers de ses yeux, nous voyons la psychologie de Gatsby. DiCaprio et Maguire éblouissent d’une merveilleuse chimie à l’écran et nous sommes complètement soulevés par leur conjointe amitié. Carey Mulligan nous joue une Daisy Buchanan, qui est à la fois fragile, envoûtante et désirable. Joel Edgerton est somptueux dans le rôle de Tom Buchanan, le rival en amour de Gatsby.

En somme, c’est une merveilleuse version de Baz Luhrmann. Une version qui a rencontré la sommité de mes attentes, parce que je m’attends à du grandiose avec Luhrmann et j’en suis bien satisfait.

Messages les plus consultés de ce blogue

Hollow Man(2000) - Bande Annonce de Maxime Laperle

Théorie du montage chez Sergei Eisenstein

Mégantic : un poème descriptif - 10 juillet 2013