Battleship : Du Michael Bay avec des sous-marins extra-terrestres en hautes mers






Bifurquons du conflit étudiant montréalais se déroulant dans les rues pour aller vers un conflit en hautes mers, orchestré par Peter Berg et Hasbro. Pour ce film, la guerre se vit aussi dans les eaux profondes du Pacifique, dans un mélange d’action et de science-fiction, tout en s’inspirant du jeu de société Hasbro. Non, je ne ne souffre pas d’une dégénérescence neuronale. Pour une fois, j’étais curieux de connaître quel genre de film une adaptation de jeux vidéo allait donner. Cela dégage un résultat mi-chaud mi-froid.

Le spectateur visionne ce film de Peter Berg, une ode à la vie maritime américaine dans toute sa splendeur. En fait, le jeu Battleship ou Bataille Navale n’est rien d’autre qu’un prétexte en vue de produire un film. Il se joue à deux joueurs. Deux joueurs posent sur la table les deux boitiers de plastique bleus. Ouvrant les deux boîtes, on retrouve un nombre fulgurant de pions blancs et de pions rouges, servant à indiquer des «manqués» ou des «touchés». Les règles du jeu sont simples. On positionne notre petite flotte de cinq navires différents sur notre première grille et la deuxième pour nos multiples attaques contre les bateaux de notre adversaire. Un pion blanc désigne que notre tir aurait manqué sa cible. L’objectif est de «détruire» ou de couler tous les bateaux de la flotte adverse. Battleship est un jeu qui fait le bonheur des petits et grands


Un jeu si simple, n’est-ce pas ? En fait, un jeu simple qui engendre un film assez simpliste en ce qui a trait au contenu. Oui, je sais ce que vous allez dire. Le film s’adresse préférablement à un auditoire d’enfants. Pour une comédie de films d’actions et de science-fiction, y a-t-il des enfants qui aimeraient voir la cinégénique[U1] Rihanna dans un rôle de soutien ? Oui, c’est possible, mais Rihanna peut également satisfaire un public d’adolescents mâles. Je n’ai aucun doute là-dessus. Mais en ce qui a trait au synopsis, le film ne veut pas être con et ne veut pas être pris au sérieux simultanément. Comme si les producteurs savaient déjà qu’ils adaptaient un jeu pour enfants en film, alors pourquoi traiter le sujet avec sérieux ? Comme dit auparavant, le jeu sert de prétexte pour le film et le film devient une histoire moderne d’extra-terrestres voulant conquérir la planète par la grande voie des eaux. Déjà, c’est une histoire truffée de clichés grossiers. Nous observons dans toute sa splendeur, l’ahurissant spectacle de la bataille navale, proprement dite. Je ne dirais même plus que c’est une bataille, mais une guerre composée de multiples batailles et qui frôle les limites de l’impensable. Parlant d’impensable, l’histoire est dénuée de toute cohérence puisque les lacunes de la scénarisation sont immenses. Néanmoins, la mise en scène de Peter Berg reste géniale grâce à sa grande créativité.



La cinématographie, les décors et les engins des extras-terrestres, l’animation numérique du 3D et les séquences live-action nous surprennent à tout coup, prenant davantage de place au détriment de l’histoire et des personnages. Berg, dans son travail, justifie le fait que son film soit un «haut concept». Les producteurs cherchaient des grands concepts, même à partir du concept d’un jeu simple. Une imagerie très forte s’insère dans l’œuvre, et le montage est d’un rythme effréné, c’est également la facture d’un Michael Bay. Cependant, cela ne fait pas de Peter Berg un James Cameron de son temps, si on considère Avatar ou Terminator. Cameron investit dans son travail, une scénarisation toujours très forte en vue de faire ressortir une qualité. Cette qualité se transpose tout aussi bien dans la réalisation de ses films. Or, la réalisation et la scénarisation sont en soi deux talents séparés. On peut être un bon metteur en scène, tout en étant un scénariste pourri et l’inverse est aussi vrai. Cameron possède toutefois un talent énorme dans les deux aspects.


Les personnages sont soit idiots ou spectraux, puisqu’ils sont décrits d’une manière superficielle, ce qui leur attribue une profondeur minimale. Le protagoniste Alex Hooper, incarné avec fantaisie par Taylor Kitsch est le personnage le mieux développé du film. Le reste de la distribution est superficiel et ne laisse pas une impression mémorable. Soyez-en certains, les personnages du film vont surtout plaire à un public d’adolescents, puisque le film vise ce même public après tout. Alors, pourquoi vraiment accorder une attention inutile ? Je commence à constater que ma curiosité ne m’a pas vraiment porté fruit.



Rihanna dégage une solide présence, mais son rôle d’opératrice-radar fonçeuse est si petit et inintéressant que l’on ne voit pas vraiment son talent de comédienne. Liam Neeson, un grand acteur, interprète le rôle d’un admiral et ce rôle sérieux ne lui colle pas vraiment. Tadanobu Asano interprète le bourru capitaine de la flotte japonaise, Yugi Nagata, à la limite du stéréotype. Taylor Kitsch et Tadanobu Asano détiennent une belle chimie et sont capables de supporter le film du début à la fin. En fait, ils sont les seuls bons acteurs du film, jouant des personnages ennuyants et unidimensionnelles.


Peter Berg est un excellent showman. Cela, on ne lui enlève pas, mais, il doit trouver de meilleurs scénaristes pour mieux structurer les personnages. Après tout, un film juvénile et sans réflexion n’intéresse personne.


Michael Bay et Peter Berg optent pour de la créativité qui se joint à la réalisation des séquences. Ils poussent à l’extrême limite l’animation numérique en 3D de leurs récents films. Tout est au paroxysme. C’est la réalisation qui devient roi et le reste, soit le scénario ou les personnages, on s’en contrebalance. On épate la galerie. Quelquefois, je me demande quel réalisateur hollywoodien pourrait rendre le film meilleur ? Personnellement, j’ai déjà deux réponses : James Cameron, comme mentionné précédemment, et Ridley Scott.


6.1*/10


[U1]Cinégénique : Une personne qui perce bien à l'écran. Une beauté à revendre et qui transparaît l'écran

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