The Hunger Games : Une fable romaine ?





Ce n’est qu’au retour de mon visionnement du film, que j’ai constaté ceci : le film s’inspire de l’histoire de l’Empire romain, tout autant que du contenu de plusieurs films apocalyptiques et de science-fiction, l’ayant précédé. Je peux compter un nombre de six oeuvres, ayant toute une histoire aussi similaire que Hunger Games :

1. The Running Man (P.M.Glaser,1987)
2. THX 1138(George Lucas, 1971)
3. Gladiator(Ridley Scott, 2000)
4. Lord of the Flies (Peter Brook,1963) d’après le roman du Lauréat Nobel, William Golding
5. 1984 (Michael Radford, 1984), d’après le roman de George Orwell
6. Zardoz(John Boorman,1974)


Certains trouveront que si j’énumère des films, possédant des contenus aussi semblables que Hunger Games, on décrira que ce dernier manque d’originalité. Pour ne nommer que ceux-ci, Hunger Games est un film qui est fait par un réalisateur compétent, qui était en mesure de jeter une nouvelle optique sur une vieille histoire, étant celle des esclaves qui se révoltent contre un maître ou un système opressant.

La tournure que prend Hunger Games est intéressante puisque l’on fait dans ce film de Gary Ross, les us et les coutumes et l’histoire de l’Empire romain, or dans une transposition futuriste. Dans cette même transposition futuriste, on déduit que le film évoque une satire du vedettariat. Des jeunes paysans qui sont sélectionnés contre leur gré pour des jeux de gladiateur sanglants, nommés les Hunger Games. Afin d’expliquer ce monde futuriste, il y a une société aristocratique et bien développé qui vit dans une cité, en pleine séclusion. Ensuite, il existe le monde extérieur, autour de cette cité, qui incarne à sa manière, les ouvriers et les paysans. C’est dans cette société aristocratique, très «romaine» selon les inspirations des producteurs, que les jeunes paysans seront forcés de se livrer bataille dans une arène médiatisée, à la suite d’un entraînement, dont ils apprennent les rudiments de la survie dans les bois. Le film, tiré du livre du même titre de Suzanne Collins, est fortement scénarisé par elle ainsi que le réalisateur Gary Ross et un autre auteur Billy Ray, structurant une belle transposition à l’écran de son oeuvre romanesque.


Gary Ross fit une satire de la télé-réalité mais dans l’excès d’une violence, nous voulant faire croire que dans un monde futuriste, on obligerait les plus pauvres ou les moins nantis d’entre nous, à s’entretuer mutuellement pour notre simple plaisir de voyeur. Hunger Games, c’est aussi cela, puisque son monde proposé veut retourner aux traditions de l’Antiquité grecque. Est-ce que Gary Ross voulait démontrer que le futur de l’espèce humaine effectuera son ascension au niveau technologique, mais que d’une autre manière, on ne peut vraiment évoluer ? De cette façon, on peut mesurer ce qui incarnera la perfectibilité de l’homme. L’homme voudra ses sources de divertissement, et même lorsque la violence et le combat deviennent les dites sources, on ne veut plus faire de la fiction, parce que la réalité apportera son divertissement.

La chose frappante avec Hunger Games, est que c’est un monde sans fiction : le théâtre, le cinéma, les jeux vidéos et la littérature n’existent plus, alors la seule source de divertissement devient les jeux de la famine dans un meilleur Français, ou les Hunger Games. On peut justement espérer qu’on ne le devienne jamais comme race humaine, mais la science-fiction, lorsqu’elle est excellente, propose une excellente étude de société. Tout dans l’exécution nous paraît fait sans grande anicroche, or le talent énorme de réalisateur de Gary Ross pourrait presque rivaliser celui de Ridley Scott. Ridley Scott, existe également comme l’un de mes choix personnels, en tant qu’un ultime réalisateur de science-fiction, en prenant les exemples d’Alien et de Blade Runner. Or, en général, il y a seulement trois personnes qui peuvent donner justice au genre, et ce seraient Stanley Kubrick, George Lucas et Ridley Scott.

Cependant, Hunger Games n’est pas sans défaut, puisque le développement des personnages secondaires reste incohérent. Certes, le développement des personnages manque de profondeur, et on reste en superficie sur leurs motivations. Le personnage principal de Katniss Everdeen, interprété par Jennifer Lawrence, devient pour le reste du film le mieux développé et consistant, tandis que pour les autres, ils nous sont encore intéressants, mais on ne les connaît pas encore. Or vu que les personnages des concurrents vont dans une arène, où il n'y a qu'un seul vainqueur. Alors, on assistera à la mort de tout le monde, comme s'ils iront à l'abatoir, comme une mite à la flamme. On ne se donne plus la peine d'approfondir les personnages, et on se contente du strict minimum. Seneca Crane, interprété par Wes Bentley, est un personnage qui éprouve des complexes, mais les raisons pour ses complexes restent nébuleuses, jusqu’à la fin du film. Or vers la fin du film, j’ai probablement compris que ses complexes provenaient de son amour pour Katniss, puisque dans son amour pour elle, il ne se sent pas à sa hauteur. Si on veut rendre compliquer nos personnages, on explique clairement leurs complexités au spectateur, de par la mise en scène exclusivement.

Certains trouveront que j’accorde inutilement de l’importance à un simple film hollywoodien, or c’est une oeuvre excessivement riche de son contenu. Les performances de la distribution sont absolument saisissantes, sous la direction de Gary Ross, que l’on soit Stanley Tucci, Wes Bentley, Jennifer Lawrence, Peeta Mellark et Woody Harrelson. Harrelson interprète un rôle sale, comme je l’aime toujours, et nous procure une prestation brillante, puisque c’est assez rare qu’un bon acteur à Hollywood puisse jouer crédiblement l’alcoolisme. Toutefois, Harrelson a tendance à surjouer.

7.5*/10

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