Un cheval qui fait le retour en force de Spielberg

Faisant suite aux Aventures de Tintin, Steven Spielberg s’est lancé dans une autre adaptation, celui du roman pour enfants de Michael Morpurgo, War Horse, dont ce même ouvrage fut soigneusement scénarisé à la virgule près, par Lee Hall et Richard Curtis. En plus, c’est une adaptation qui est passablement réussie pour une oeuvre destinée aux enfants. Par conséquent, en se faisant vieux, Spielberg perd de la maturité pour ses oeuvres, en se concentrant sur des intrigues simples, et qui ne sont pas d’une rare complexité, comme pour les films de Disney, animés ou en live-action. Contrairement à Munich, Saving Private Ryan, La liste de Schindler, et Jurassic Park, les sujets deviennent moins sérieux et recherchés, et l’intrigue ne devient plus intelligente. Spielberg s’amuse, donc il ne veut plus rien faire de sérieux, puisque cela devient beaucoup trop exigeant pour lui. Alors, il se concentre sur les films qui vont divertir toute la famille, ni plus, ni moins, sans que l’histoire puisse contenir une certaine intelligence en soi. On ne sait trop si le roman était un classique, mais Michael Morpurgo fut couronné de l’ordre de l’empire britannique (O.B.E) pour ses services à la littérature enfantine.

 

Cependant, il est possible que le roman soit un classique pour les enfants ou non. Cela devient agaçant, lorsqu’un génie de la mise en scène comme Spielberg ne veut plus se concentrer à faire des films sérieux, avec du contenu adulte, et veut plutôt séduire un jeune public d’enfants. Si le grand cinéaste que nous avions vu dans le passé, ne voudrait plus réaliser pour le cinéma, des histoires plus adultes, je ne verrais plus l’intérêt de le voir. Mais, on peut bien penser que c’est plutôt relatif d’une personne à l’autre, la maturité. Cela va devenir un cinéma qui plaira possiblement à mes enfants, sans trop plaire à moi. Pour cette raison, Spielberg est devenu comme un grand-père, malgré le génie de sa mise en scène. Il veut faire un cinéma qui va sans doute plaire à ses petits-enfants, en laissant les meilleurs années derrière lui. Un autre cinéaste, Martin Scorsese est allé dans cette même tangente, en faisant Hugo, qui est un film très fantasmagorique dans l’animation 3D, et en Motion Capture, tout en voulant chercher un public familiale pour enfants. Auparavant, Scorsese produisait un cinéma d’un réalisme viscéral, en commençant vers la fin des années 80 avec sa première œuvre Taxi Driver, puis par la suite, ce fut la grande association entre lui-même et Robert De Niro. Ils ont tourné ensuite les films néo-noir : Raging Bull, Les Nerfs à Vif, Casino et Goodfellas, The King of Comedy. Bringing out the Dead fut au moins le seul film dont Scorsese mit en scène Nicolas Cage, au lieu de De Niro. Avec Hugo, Scorsese choisit maintenant de produire des films, pour que ses petits-enfants deviennent également les spectateurs.

 

La scénarisation de Hall et de Curtis est efficace, mais on peut lui trouver des défauts. On rentre dans l’histoire de Joey, le cheval, et cette histoire se concentre sur lui, parce qu’il est pour le récit, son protagoniste de base. En résumé, on n’invente rien, car pour structurer des récits dans ce genre, on s’inspire de Jack London. On suit l’animal à travers l’intrigue, comme protagoniste de base. Les autres personnages qui sont les humains du récit, sont plutôt plats. Entre autre, le personnage de Jeremy Irvine, Albert Narracot, est celui d’un jeunot héroïque, et l’est à un tel point qui ne semble plus une vraie personne. Le seul qui contient de l’intérêt et de la substance, est celui du père, Ted Narracot dont nous savons en sorte son histoire personnel, pour nous le faire connaître. Le cheval, tout comme Lassie, voyage de maître en maître, tout en quittant son maître original Albert, pour se faire vendre à la cavalerie durant la Première Guerre Mondiale. Joey, le cheval, en voyageant de maître en maître durant son parcours, ne cherche pas à retrouver Albert, mais le cheval se laisse voyager dans les mains de l’un et de l’autre. Joey redécouvre Albert dans un heureux concours de circonstances, tandis qu’il est lui-même enrôlé comme soldat au front. Venant d’un auteur qui aurait reçu l’ordre britannique de la reine, l’histoire est assez moyenne, et on ne crie pas nécessairement au “chef-d’oeuvre”.

 

La performance de Jeremy Irvine reste non la moins prestigieuse, puisqu’il dégage un sens superbe pour le mélodrame. Cependant, ce qui entorse la distribution, est qu’il ne peut pas me faire croire qu’il a 19 ans, lorsqu’il est clairement dans la vingtaine. Emily Watson interprète son rôle avec résolution et réserve, malgré qu’elle ne possède pas beaucoup pour bien étoffer sa performance, dû au fait que le rôle manque énormément d'une substance scénaristique. Pour un roman pour enfants, les rôles sont souvent ingrats et inintéressants, et même si on se décide de l’adapter bien on étoffe les personnages. Peter Mullen et Niels Arestrup sont tout simplement formidables dans leurs rôles secondaires. Niels Arestrup joue un grand-père envoutant et doucereux dans le film.

 

La cinématographie de Janusz Kaminski est extraordinaire, à cause de ce côté lustre qu’il applique dans l’image, et c’est probablement une direction de la photographie qui lui fera certainement connaître encore une nomination aux Oscars en 2012 , pour Meilleure Direction Photo. Il n’y a pas dire, la direction-photo de Kaminski est d’une rare puissance et d’une beauté féroce. La séquence finale fait en somme l’étalage de son expertise, quand elle se veut un hommage pour la cinématographie des silhouettes en lumière du soleil rouge et ambre du célèbre Autant Emporte le Vent.

3.8*/5

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