Le baiser envoûtant du dragon

Photo: MGM-Scott Rudin Productions
Ce sera probablement la dernière fois, que j’irai au cinéma le mardi soir, parce que le cinéplex, était bondé de monde. La file était longue jusqu'à la billetterie, où toutes les caisses furent ouvertes. Aucune caisse était fermé. La file s’étirait vers une autre entrée du cinéplex, amassant une foule fulgurante. Un jeune agent de sécurité contemplait la foule qui faisait la file vers la billetterie, et semblait dépassé par les événements. Moi j’avais l’habitude, des grandes files et des grandes foules, et ce dernier quant à lui, s’en écoeurait largement, ne-serait ce que la foule devienne incontrôlable, devenant une large zizanie. Et de cette zizanie, l’émeute se déclencherait aisément. Je n’en pensais trop rien, mais j’étais tout simplement patient. Mais cette fois-ci, je crois changer de cinéplex, lorsque je suis moi-même une créature d’habitudes. Bien sûr, je dois faire, et sur le champ, ma critique de L’artiste de Michel Hazanavicius. Tout cette énorme foule fut là pour l’avant-dernier film de Spielberg, les Aventures de Tintin, bien entendu. Spielberg, sait encore se faire adorer d’une foule canadienne.
 
Ceci dit poursuivons la critique. Je me suis permis de voir The Girl With the Dragon Tattoo, du grand David Fincher.Oui, je pèse mes jugements dans le mot “grand”, puisqu’il est déjà intronisé dans le dictionnaire des grands réalisateurs du ciné-magazine Sensesofcinema.com. En commençant l’année 2012 dans la plus vive allure, on le fait très bien, parce que c’est le premier meilleur film de l’année, parmi potentiellement plusieurs. Le film de Fincher est sublime et ensorcelant, en se démarquant comme un merveilleux styliste pour la mise en scène, pour le genre du néo-noir. Le film détient une atmosphère sulfureuse, nous faisant penser à un livre d’Henning Mankel ou de Thomas Harris. Or, pour le côté scénaristique, nous croyons assister à une force narrative dans le calibre d’Henning Mankel ou de Thomas Harris. Bien évidemment, le film est issu de l’adaptation d’un roman noir merveilleux de Stieg Larrson, du même titre. The Girl with the Dragon Tatto, est le premier livre de sa trilogie Millenium. N’ayant pas encore lu cet auteur, le film m’a donné finalement le goût de sa littérature, ce qui fait l’essor d’une mission accomplie pour Fincher.
La réalisation pour Fincher, s’imprègne notamment de l’univers visuel de Jonathan Demme, parce que tout se fait dans la froideur de l’enquête. On retrouve d’une large part, le stylisme d’un classique de Demme, Le silence des agneaux, et on y reconnaît le style. Par ailleurs, le film se concentre sur la violence impulsive et morbide de son personnage principal, Lisbeth Salander, interprétée par Rooney Mara dans une certaine indifférence et dans un introverti les plus complets. Afin de lui procurer de la commercialisation, on retrouve les aspects visuels de Red Dragon, par un autre cinéaste commercial Brett Ratner. Tout le film repose sur la mise en scène de Fincher, ainsi que de la scénarisation de Steven Zaillan, en mettant de côté de la qualité honorable de l’interprétation des deux acteurs principaux, Daniel Craig et Rooney Mara.
Steven Zaillan, le scénariste de La Liste de Schindler, a produit un travail irréprochable et merveilleux, pour l’adaptation de ce roman de Larrson pour le grand écran. Nous assistons à une intrigue qui est extrêmement bien fignolée, ce qui nous laisse avec aucune ambiguïté à l’esprit, tant à sa qualité. L’histoire est captivante, tout autant que solide. Zaillan mélange très bien la structure des personnages, avec le contenu de l’histoire, tout en se fiant au roman superbe de Larrson. Pour le film, la structure des personnages fonctionnent dans le contraste, parce que nous avons des personnages qui sont aux antipodes, et nous avons dans ce film un contraste clair d’ordre et de désordre. Le désordre est symbolisé dans la programmeuse experte et délinquante au passé troublé, Lisbeth Salander, et l’ordre s’incarne en tant que le journaliste Mikael Blomkvist qui dresse une enquête à l’endroit d’un assassin de jeunes femmes. Une dualité chez l’homme, ordre et chaos, qui est exprimé au travers de deux personnages.
La qualité des interprétations est très respectable, or Daniel Craig et Rooney Mara jouent d’une façon très sobre leur rôle, sans vraiment vouloir ambitionner davantage. Mara offre une performance introvertie qui est excellente, parce qu’elle nous procure l’impression qu’elle n’est pas trop à l’aise avec elle-même. Craig, quant à lui, nous offre une performance intéressante, surtout lorsqu’il se fait très bien dirigé par David Fincher. D’une certaine manière, il est vrai que Fincher est capable de faire ressortir une meilleure performance chez Craig. Craig est bon, mais il peut devenir excellent quand il sait bien se faire diriger. Christopher Plummer, ce vieil et grand acteur qui aurait connu une carrière florissante, fut tout simplement magnifique. Stellan Skarsgard offre une performance calme et démoniaque, ce qui nous désarçonne. Robin Wright, une grande actrice comme elle, fut largement mise de côté, et on n’offre pas souvent à une très bonne actrice, le rôle si minuscule d’une éditrice, qui est presque effacée dans le film.
Pour conclure, c’est un must que je vous fais. Allez voir ce film ou achetez le pour votre collection, et vous ne serez point déçu.
4.6*/5

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