Le 47%, comme taux d’analphabétisation au Québec


À la suite d’avoir parcouru les articles du Voir.ca, de tous ses chroniqueurs, concernant ce chiffre damné du 47% pour le taux d’analphabétisation, on ne peut davantage suffoquer d’indignation. En tant qu’auteur et critique, je me demande que s’est-il passé au juste pour détenir un pourcentage si colossal, représentant en somme la noirceur de l’esprit pour la moitié de notre population, la moitié de nous-mêmes ? Lorsque l’on est illettré, c’est littéralement cela, on reste dans un vide de l’esprit étanche et quelquefois irréparable. On ne sait trop rien de comment le monde fonctionne véritablement. Alors, on reste un prisonnier dans l’immondice d’une petite cellule qui nous agenouille à tout jamais. Le fait d’être illettré, c’est cela et non je ne pourrais exagérer en rien. Tout ce que l’on comprend sommairement, sont les images et le son. Rien de plus. Entre 16 et 45 ans, comment peut-on se laisser aller à nos difficultés apprentissage ? Pourquoi serait-on irresponsable pour traiter ses troubles d’apprentissage pour l’écriture et la lecture, si on était un enfant avec des problèmes au préalable ?

La vraie tragédie pour moi, est que c’est un chiffre maudit qui ne connaîtra jamais Vladimir Nabokov, William Shakespeare, Anton Tchekhov, Charles Baudelaire, Émile Zola, Alexandre Dumas, Marcel Proust, Alberto Moravia, Dante Alighieri, John Dos Passos et Victor Hugo. Le même chiffre qui ne pourra jamais s’évertuer de lire le plus banal des quotidiens. La moindre lettre deviendra un bourreau de souffrance, par conséquent on comprendra seulement les images. Pour chaque lettre, on ne fait rien d’autre que de faire semblant de la lire. Un obscurantisme d’esprit provoqué par n’importe quelle faille dans le passé, provoqué par l’incapacité de soigner ses propres difficultés d’apprentissage pour l'individu.

Selon moi, cela reflète péniblement l’immense taux de décrochage connu durant l’année précédente, où la statistique était exactement pareille. Les élèves du secondaire décrochent et ne savent rien d’un texte suivi ou d’un texte complexe, puisqu’ils quittent l’école vers la troisième, ou la quatrième année du secondaire, dû à leurs insurmontables difficultés. Ils ne savent rien d’un texte argumentatif, puisqu’ils ne l’ont jamais appris. Ils apprennent la dissertation argumentative en Secondaire IV et V. Ils décrochent de l’école secondaire, se sentant incapables de continuer leur scolarité. Pour penser véritablement, que c’est le Québec d’aujourd’hui, cela est d’un malheureux dégoût. Or, on ne peut forcer les adolescents à s’instruire, et pour un groupe de 16 à 46 ans, cela fait deux générations. Deux générations d’une noirceur d’encre.

M.L

Le 24 novembre 2011

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