Agaguk d'Yves Thériault - Thériault, notre Jack London national - souvenirs littéraires


Pour le moment, je vous épargne de la platitude de mes écrits en Anglais, c'est-à-dire, ma nouvelle en Anglais, Donner, afin de pouvoir discuter avec vous d'un chef-d’œuvre littéraire que j'ai découvert à l'adolescence, un peu sur le tard. Agaguk, qui est écrit de probablement l'un des plus grands auteurs québécois du XXe siècle, Yves Thériault. Un livre qui me laisse encore sous le choc, pour la raison qu'il fut honoré du Prix du Gouverneur Général, tandis qu'il aurait pu aisément remporter le Prix Goncourt en France. Pour une raison assez suffisante, que c'est tout simplement un roman brillant, on ne peut rien lui reprocher. Et pour le Québec, pour un roman, c'était une première œuvre parfaite.

Vers l'âge de 18 ans, mon premier grand contact avec la littérature québécoise, fut Yves Thériault, ainsi que son oeuvre. J'ai découvert Agaguk, en Secondaire V, à l'école Eulalie-Durocher, dans le cadre de mon cours de Français, où mon professeur de l'époque, me l'avait suggéré pour une présentation orale, ainsi que d'en créer une exhaustive dissertation argumentative. Et je le remercie encore. À la fin de ma lecture d'Agaguk, je ne voulais plus le retourner à la bibliothèque de l'école. Je voulais carrément le voler. Mais après deux mois de mon échéancier de remise, j'ai finalement acquiescer à le remettre.

« Achète le donc dans une librairie, crime. Ou dans une bouquinerie. T'es pas si pauvre que ça pour t'acheter un livre, crisse. Me semble »: me disait la bibliothécaire de l'école. « Ouais, j'ai juste oublié, me semble. C'est super passionnant »: répondis-je. «Oui, je comprends. Mais tsé là, deux mois. »: me répliqua-t-elle en dernier. 

Par la suite, je pouvais en découler les inlfuences de tous les autres romanciers qui auraient probablement marqué ma jeunesse, tels que Victor Lévy-Beaulieu, Anne Hébert, Gabrielle Roy, Louis Hémon et Michel Tremblay pour ses Chroniques du Mont-Royal

Thériault, avant tous les autres auteurs que j'ai mentionné plus tôt, était pour moi le premier grand écrivain québécois qui se spécialisait dans le genre de l'aventure. Thériault, à lui seul répétait l'oeuvre de Jack London, tellement que son style et ses choix de thèmes ressemblaient intensément à ce dernier. London, l'auteur légendaire de Croc-Blanc et de L'appel de la Forêt, vivait en Californie en séclusion après une vie d'aventures en parcourant mille métiers durant son adolescence, jusqu'à l'âge adulte: marin, blanchisseur, dockeur, prospecteur d'or, pêcheur, en même temps que d'être écrivain. Il n'avait pas connu une éducation formelle au niveau du secondaire, puisqu'à 19 ans, London se devait de retourner à l'école secondaire pour terminer sa IVe et Ve secondaire, et cela durant les années 20. Durant son enfance et adolescence, London devait déjà se forcer à travailler pour se faire vivre lui-même et sa mère. Vers son adolescence, London lisait quand même voracieusement, et vers l'âge de seize ans, il est reporté qu'il lisait Madame Bovary de Flaubert, sous la risée des autres marins et mousaillons, pendant qu'il était marin. Il a réussi à compléter son High School(études secondaires), pour se faire décerner son diplôme. Cependant, il n'a pas poursuivi des études universitaires, vers l'Université de Berkeley en Californie, étant encore dépourvu financièrement.   

London était farouchement autodidacte au cours de sa vie, tout comme Yves Thériault, puisque les deux vies se ressemblent incroyablement. Thériault, à l'école secondaire, éprouvait des difficultés, lâchait son école pour occuper mille petits métiers, et pour voir qu'il était malheureux dans ces mille petits métiers, pour enfin se résoudre à écrire. Thériault parlait des minorités visibles dans sa littérature, tout comme London discutait du socialisme, ce qui aurait été dangereux durant les années 50, parce que le socialisme était considéré comme étant du communisme, dans le capitalisme sauvage des États-Unis. London, vivant proche des années 50, durant son vieil âge, avait du taire ses idéaux socialistes, dû au MacCarthysme et à la chasse aux rouges. 

Tout comme London, on retrouve dans Agaguk de Thériault, un immense contact d'un monde d'hommes avec la nature, que ce soit pour Le Loup des mers, ou Croc-Blanc. En ce qui serait de résumer son histoire, Agaguk relate les chroniques dans la vie d'un Inuk (esquimau), nommé Agaguk. Un jeune homme dans la vingtaine qui s'ostracise lui-même de son village paternel ou réside son père, Ramook, le chef du village, pour élever une vie familiale avec sa nouvelle femme, Iriook, dans un igloo. Le jeune couple vit au large du village. Agaguk revient à son village pour faire un troc mercantile de fourrures pour des armes et des pièges à grand gibier, en compagnie d'un marchand anglais véreux et crapuleux au nom de Brown. Brown veut extorquer Agaguk de ses fourrures, et Agaguk dans sa colère, le tue sauvagement, en incendiant de ce fait son magasin. Agaguk se sauve du village, étant exilé à tout jamais par Ramook pour son crime odieux. Puis par la suite, Henderson, un lieutenant de la police montée de la GRC enquête sur la mort de Brown, en pénétrant à ses dépens dans le village de Ramook, où la tribu ne lui est que très hostile. Henderson soupçonnera Agaguk, puis par la suite Ramook, durant son enquête, pour le meurtre de Brown. 


Oui, je le sais c'est débile. Je me souviens encore de toute l'histoire, même quand cela fait dix ans de cela, après l'avoir lu. Le livre m'aurait marqué tant que cela, c'en est presque écoeurant. Mais c'est cela que ça nous fait un classique de la littérature, l'histoire va conserver son immortalité en nous-mêmes, dans nos coeurs, qu'on le veuille ou non.

Une adaptation au cinéma a été faite, réalisée par Jacques Dorfmann, mettant en vedette Lou Diamond Phillips, mais moi, à la suite de l'avoir vu, je le déconseille fortement. C'est une adaptation bonne et assez fidèle. Mais aucun film peut rendre justice au style d'Yves Thériault, ni à ses énormes talents d'écrivain.

Si vous ne l'avez pas encore lu, COUREZ lire ce roman, je ne peux pas stresser l'importance davantage, déjà pour le lire. C'est une oeuvre énorme, et je suis certain que vous trouverez votre compte. D'autant plus, on ne peut connaître la littérature québécoise, sans passer au travers du Yves Thériault.

M.L

Le 1er octobre 2011

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