Le financement de notre cinéma québécois : une forme de censure gouvernementale.


"Everything is made to go against you. The system is made to go against you"
-George Lucas

Cherchons le fric, si on le veut bien

Eh oui, vous ne le saviez pas ? Avant, j'avais cru que le Canada était un pays trop pauvre afin de financer adéquatement de la culture. Mais, on pouvait encore être très loin de la vérité, si on le voulait assez bien tout de même. On décide du financement du film, et on en choisit quinze projets par année, afin de savoir quel film ou oeuvre  parmi les multitudes, détiendrait le meilleur sujet afin d'être produit. De toute cette multitude, il y a une forme de censure gouvernementale qui s'installe, puisque si on veut recevoir les fonds financiers, que ce soit de Téléfilm Canada ou de la SODEC, il faut déposer notre projet durant des périodes saisonnières. Pendant ces périodes saisonnières, le ou les cinéastes indépendants  déposent leur projet au sein de la SODEC ou de Téléfilm, et ce projet de film est jugé par un comité. Ce comité qui reçoit l'oeuvre ou le projet en question en fait déjà une critique étroite et imbécile, en se souciant si le projet en question va faire du profit ou non. Par ailleurs, le comité décide si le film est politiquement correct ou non pour le public, si le film en question reflète assez les valeurs canadiennes, etc.

Le contrôle des goûts et de l'émotion

Alors, c'est ce qui nous donne un cinéma qui arrive très peu durant l'année, et en revanche très aseptisé. Un cinéma moche d'imbéciles castrés, qui ne veut "offenser" ou émouvoir les âmes chastes canadiennes. Dans ce cas-là, on ne fait plus de l'art digne de ce nom, on produit un cinéma corporatif. Un cinéma qui serait à mi-chemin entre la propagande, le divertissment et le commerce. Bref, un cinéma de l'union soviétique. Le gouvernement provincial ou fédéral agit comme le "contrôle de qualité" du cinéma québécois, ce qui est parfaitement nuisible pour n'importe quel artiste. Le Canada et le Québec financent très peu de film, mais tout ce que l'État veut, serait probablement des films qui se vendent que ce soit au niveau du pays même, ou à l'international. Justement, c'est la grande valeur de notre cinéma, son aspect international. Notre cinéma parle à tout le monde, spécialement en Europe et en Pologne. Notre cinéma n'intéresse pas la majorité des Américains, parce qu'ils ne comprennent rien à notre art filmique. Bien en principe, il faut comprendre notre histoire, afin de comprendre notre cinéma. Rien de plus.

Cependant, il y a très peu de cinéastes québécois qui connaissent un succès véritable, c'est-à-dire réussir dans la mecque du cinéma mondial et dominant : Hollywood. Mais que l'on devrait dire q'il n'y aurait aucun cinéaste québécois qui a réussit à Hollywood. Denys Arcand restait tout de même très proche à réussir, avec son film Le Déclin de l'empire américain. Les studios majeurs voulaient en faire un remake américain avec Le Déclin, mais eux avaient un contrôle artistique sur tout. On ne laissait pas Arcand faire ce qu'il voulait, alors en revanche Arcand a démissionné du projet de remake, et retourna à Montréal. S'il y a un contrôle artistique hollywoodien sur les films pour qu'ils deviennent des biens de consommation, il n'y a aucune forme de censure gouvernementale, sauf au Canada.

Le cas Cronenberg

David Cronenberg, le fameux réalisateur Canadien anglais, écrivait et réalisait des films d'horreur notables, dès même le début de sa carrière. Durant les années 70, il réalisa ses classiques Shivers, Scanners, et pendant les années 80, Videodrome, Naked Lunch, et La Mouche. Soit dit en passant, La Mouche et Naked Lunch, sont deux films incroyables de Cronenberg. La plupart de ses films ne pouvait être projeté à Toronto, la ville où il est né et grandit, durant les festivals ou dans les salles de façon uncut. Les bouts du film qui devaient gêner ou émouvoir étaient coupés au montage. Uncut veut dire que le film n'a pas subit une censure durant son montage.  Il pouvait les montrer uncut aux États-Unis, parce que justement il n'a aucune censure gouvernementale. Apparemment, Cronenberg a continué de recevoir le financement de ses films d'Hollywood, et tourne quand même au Canada parce que c'est toujours cheap ou à bon marché la main d'oeuvre de techniciens sur les plateaux de cinéma.


En conclusion, les futurs cinéastes trouveront le moindre des deux maux. Hollywood reste excellent pour financer des projets, parce qu'ils sont les plus riches et financent 80 films par année. Le Canada, quant à lui, finance quinze films et pas une cent de plus. C'est pitoyable à vrai dire. Alors, il faut absolument sortir du Canada et du Québec afin de produire un film, bien fait , possédant de l'allure.


M.L

-Le 12 février 2011

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