Funkytown /Réal :Daniel Roby, Scén : Steven Gallucio





Funkytown, le Boogie Nights québécois
-Richard Martineau


Bien, mise à part que le contexte du film se situe vers la fin des années 70, jusqu’au début des années 80, et que l’on parcourt cinq années pleines de tumulte dans la vie de son monde imaginaire ; le film est encore loin du style de Paul Thomas Anderson, pour le film Boogie Nights. Ce dernier possède un style pas mal distinctif. Roby, quant à lui, nous a projeté sur l’écran, un travail de réalisation qui serait comparable à celui de James Mangold, si on considère le film Copland plus particulièrement. Copland avait un immense ensemble cast : Sylvester Stallone, Robert De Niro, Ray Liotta, Harvey Keitel et Michael Rappaport. Mangold, pour son travail dans le film Copland, jongle avec plusieurs filons de récits d’une histoire lorsqu’il doit manier les mêmes filons d’intrigue pour une résolution finale puisque dans ce film, on enquête sur la disparition mystérieuse d’un policier.

Je critique maintenant un film où j’ai déjà travaillé moi-même durant une semaine en Juillet 2009, en tant que stagiaire au son. Et le film a sorti en 2011. On dirait que toute l’essor de sa post-production a traversé les enfers. Mon stage a duré une semaine bien escompté et je travaillais dans l’étroite compagnie de l’équipe du son. J’étais leur gofer, cela va sans dire. Vous pouvez même voir au générique de fin, mon nom, Apprenti au son : Maxime Laperle. En résumé, ce fut une expérience très mémorable, un large travail social où il faut savoir sur le tas les rudiments de la diplomatie. On doit traiter les comédiens comme des archiducs, et les techniciens comme les ouvriers filmiques, qui sont des subalternes pour tout le monde aux dépens d’une fraction de seconde. Tout le monde est à sa place, et c’est côté cour et côté jardin. Les gens étaient professionnels, comme je le fus.

En ce moment, passons à la critique d’un film absolument excellent.

Le scénario

Le film dans l’élaboration de son intrigue, est ficelé de par sept filons d’intrigue : Mimi, Gilles Lefebvre et son fils, Bastien Lavallée et Adrianna, Jonathan Arrenson et Tino. C’est une intrigue complexe qui peut paraître difficile et confus, lorsque le scénariste n’arrive pas à produire un climax satisfaisant pour le spectateur. Et le problème fut nécessairement la fin, elle n’a pas arrivé à satisfaire ma satiété d'en savoir plus. On nous passe d’une fresque d’époque à l'autre, uniquement par la musique on passe du disco des années 70, vers le Punk-Rock et le New Age rock, au début des années 80. Gallucio, nous traite encore d’une thématique : l’homosexualité, même dans une enveloppe de la culture du vedettariat, depuis Mambo Italiano.


Or, Gallucio n’a pas complètement développé pleinement ses personnages, à un point que l’on retrouve des défauts absurdes dans le personnage de Justin Chatwin, Tino. Il est homosexuel italien et vit dans une négation totale de son homosexualité, pendant qu’il baise dans le lit du personnage de Paul Doucet, Jonathan Arranson. Tino pourrait ne pas être en amour avec Arranson, mais il ne peut nier son homosexualité. Il faudrait être idiot pour ça. Tino se marie avec sa blonde italienne qui est l’assistante et copine de Jonathan, tout en niant son homosexualité. Enfin bref, Tino est un personnage d’une connerie dégueulasse. Mais en somme, le film est « une descente aux enfers » au travers de l’époque du disco. C’est une descente aux enfers parfaite et totale pour Bastien Lavallée, d’une vie de journaliste plein de succès à la télévision vers le suicide et la toxicomanie dans une chambre d’hôtel minable. L’enfer de Tino est le suicide de sa mère. L’enfer de Mimi est que sa carrière de chanteuse s’est éteinte en devenant serveuse de binerie, pour ensuite renaître en second souffle comme imprésario d’un groupe punk-rock, fan de sa musique. L’enfer d’Adrianna est celle d'une mannequin qui ne peut devenir chanteuse parce qu’elle n’a aucune voix.

Alors, ce que l’on observe dans ce monde de Gallucio et de Roby, est une fresque de la manipulation, en attrait au show-biz, et modelée dans un vase communicant où la vie de quelqu’un va affecter la vie d’un autre.

La réalisation


Roby avait probablement du gros pain sur la planche, parce qu’après tout c’est un film des frères Rémillard, et maintenant je commence à croire qu’ils sont des producteurs de génie. Comme il fut mentionné avant, Roby émule un style qui s’apparente à celui de James Mangold. Tout se fait dans la subtilité afin de jouer avec les filons d’intrigue pour que l’on assiste à une résolution finale qui nous éblouit et surprend. Mais dans ce cas là, on sait que tout va mal pour le personnage de Patrick Huard, et de Justin Chatwin, malgré que ce dernier se remet trop facilement bien du suicide de sa mère. Or, la mise en scène de Roby reste solide tout comme pour du James Mangold, mais ce n’est pas consistant. Il y a une pincée de comédie, dans ce drame sérieux et lugubre, ce qui semble complètement hors-sujet. On rit vers des moments dans le film, tandis que ce serait inapproprié. Par conséquent, on rit jaune ? Le film est musical, mais on ne va pas trop loin dans sa musicalité, afin qu’il ne devient pas une comédie musicale. Roby joue beaucoup dans une retenue, alors on est déçu que le film ne soit pas devenu un Saturday Night Fever québécois, puisque le ton dans les bandes annonces était carrément pour cela. Cependant, Daniel Roby n’est pas John Badham, ce qui est très dommage.



Les acteurs

Étant donné que le film est un ensemble cast, tout le monde est absolument merveilleux, que ce soit les acteurs premiers ou secondaires.

Patrick Huard dans un premier grand rôle sérieux, est absolument explosif, tandis qu’on observe son jeu empli de sous-entendu et de froideur naturels. Huard travaille sur la scène avec une émotion brute et implacable, tout en mélangeant la froideur, la distance et le désespoir d’un personnage, en amour tout comme dans le métier d’acteur. Huard est devenu un acteur sérieux, qu’il a réussit à nous faire totalement oublié qu’il était un humouriste. Il est capable de jouer sans chercher à faire rire, et dans ce film, son talent devient aussi comparable que Ray Liotta. Paul Doucet et Patrick Huard consomment la scène ensemble pour le spectateur, afin d’en extraire des étincelles. Doucet est absolument merveilleux dans le rôle de Jonathan Arronson, malgré que l’on sent qu’il est inconfortable. C’est le premier rôle marquant de Doucet, et on constate amplement sa versatilité pour les rôles de composition. Raymond Bouchard est sublime dans le rôle d’un imprésario délicieusement magouilleur et escroc, Gilles Lefebvre qui se complait d'émasculer son fils, interprété avec  absence d'esprit et de corps par François Létourneau. Le fils lui rend la monnaie de sa pièce, et Gilles avale sa pillule, en prenant les sacs à ordure de son argent.



En conclusion, c’est un film merveilleusement bien réalisé, solidement bien fait, d’une belle puissance.

4.6*/5


M.L

Le 20 février 2011





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