Poésies - Un soir de Réveillon de Noël – 15 décembre 2017

À Émarose.


Je discutais d’un volume précieux,
Un soir, à mes deux bambins, un conte merveilleux;
Ils ouvrirent les yeux, ébahis et vifs
Devant une histoire mystique de califes
Et de Princes de l’Orient,
Des personnages mêlant la magie à l’encens.
Je fermai le livre à sa fin,
Et leur demandai de retourner au lit, enfin.

Dans leur sommeil, les enfants rêvaient de paradis fantastiques
Et retournaient en pensée, ces schèmes oniriques
De leur conte du soir.
Les doux rêves se jumelant à leur doux soupir,
La nuit fut calme et obscur,
Autant qu’un noir d’encre, sans énorme sinécure.
Ils restaient au lit, ne voulant point soulever l’ire
De leurs parents, dont eux laissaient la soirée choir.

Pas une créature ne bougeait dans la maisonnée,
Pas même le pigeon, vivant dans la cheminée.

Tout d’un coup, le premier jouvenceau sursauta
Et entendit un vacarme sourd sur le toit,
Le laissant tout suffoqué dans son émoi,
Il quitta son lit, et à la fenêtre, il regarda.

Rien que l'obscurité dehors,
Il n’avait rien de spécial.
Mais il arborait une inquiétude viscérale.
En quittant la chambre, il descendit au salon.

Dans le salon, il y avait un vieillard
En blanc, en fourrures et de rouges vêtues.
Gros et petit, tel un tucson,
Avec un bide, semble-t-il, rempli de joie et de lard.

L’enfant s’approcha doucement et vit son visage,
D’un être accueillant, chaleureux à la fois angélique et sage.
De sa barbe de grisaille fleurie par les années et d'un blanc immaculé,
L’enfant n'en ressentait aucune crainte.

Le vieil homme joyeux ajustait ses minces lunettes,
Et le garçon croyait déjà en lui et lui dit à la dérobée :
« Vous êtes le Père Noël ?
- Oui, Frédéric. »
En mettant les grands cadeaux sous l’arbre,
Il essuya le front d’une mince lingette
Et engloutit le verre de lait et les biscuits enrobés.

Il fuma une large pipe d’un sourire rassurant et désinvolte.
Un lutin soudain se matérialisa sous les yeux de Frédéric.
Habillé de vert clair et de vert Mackenzie,
Son nom fut Éseric,
À peine fut-il plus grand qu’une valise Delsey.
Le lutin de vert, un vieillard nain,
Avait son écharpe rouge et de jaune rayé au cou.

Le foulard ne restait point
À sa place, afin de le couvrir.
Cela déclencha à St-Nicolas, un petit rire.
Le visage rubicond du vieillard magique
Interpellait Frédéric de sa mystérieuse bonhomie.

« Père Noël. Nous devons partir,
Fit le lutin dans sa requête.
- Bon d’accord et le Père Noël
Jeta un dernier coup d’œil, dans un signe scrutateur et de quête.
- Au revoir, Frédéric !
- Au revoir, Père Noël !
- Sois sage, retourne au lit. »

Le vieillard et le lutin disparurent dans l’enchantement.
L’enfant se retrouvait dans un silence sans tourment.
Il retourna au lit, parmi la chambre en pénombre,
Et dit à son frère couché dans les ombres :
« J’ai rencontré le Père Noël. »
Et au râleur de répondre : « Bien oui, joyeux Noël. »

Le traîneau décolla dans un énorme vrombissement.
On entendait son conducteur dans son manteau rouge écarlate.
« Hue! Tonnerre, Danseur, Comète, Cupidon, Furie, Fringant, Rudolph ! »
Frédéric et son frère, tous maintenant éveillés, sautaient à la fenêtre.

Le traîneau de son attelage de rennes,
Grimpait les cieux bleus et violacés de la nuit.
Un éclair de chaleur froid parcourait l’être de son jeune frère.

« Il existe bien, on dirait. »
De sa voix de stentor, St-Nicolas fit :
« Un heureux Noël au monde, et à vous tous une merveilleuse nuit. »

Le traîneau continua sa course vertigineuse,
Voyageant trois fois la vitesse de la lumière
Pour ne devenir qu’un seul point blanc à l’horizon.


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