Une soirée de jour de l’an

Il allait maintenant sans dire que tous les pays du monde célébraient la nouvelle année dans leur propre fuseau horaire, tandis que moi-même je restais à la maison tout en gobant les nombreux divertissements de Radio-Canada, en cette veille du jour de l’an. J'ai décidé de faire un peu de chronique télévisuelle.

Photo: ctvm.info

Infoman 2011

Encore au travers de son humour, Jean-René Dufort nous procure comme promis les meilleurs moments de l’actualité, durant l’année 2011. Tout se mêle dans ce vaudeville des entrevues de figures publiques et de gags caustiques. La chanson thème de Karkwa, qui nous laisse l’heureuse impression d’être réussie, pour du rock alternatif. Mais la performance de l’émission, sans être complètement mordant, est un merveilleux avant-goût de Bye Bye, parce que sa comédie est très hilarante, tout en départageant une causticité à son habitude. On traverse l’année dans un humour politique absolument surréel, qui reste sans failles.

Photo: Radio-Canada

Bye Bye 2011

Une autre superbe réalisation du couple Cloutier-Morissette, ainsi que la même équipe de rêve d’acteurs, du Bye Bye 2010, qui voulait attraper la foudre dans une jar la deuxième fois. C’est réussi.

 

Déjà, le Bye Bye détenait une séquence d’ouverture qui fut instantanément un classique du genre, tout en me faisant penser aux films catastrophes d’Irwin Allen (The Towering Inferno, The Poseidon Adventure). Une merveilleuse satire des ponts qui s’écroulent, dans une large atmosphère de suspense. L’ouverture était déjà une pièce de résistance, comparativement du reste des sketches qui détiendra une merveilleuse réalisation, devenant en soi une hyper-production, avec une cinématographie très bien léchée.

 

L’humour politique est absolument à son meilleur, et la satire dans le Bye Bye, est d’un mordant assez spécial. Pour certains des sketches, elle dépasse minutieusement un seuil de confort, sans le traverser complètement, pour ne pas tomber dans la controverse. En particulier, ce que l’on a choisit de produire comme sketches, fut d’aller dans une théâtralité over-the-top. Et le Bye Bye dans sa satire politique fut effectivement over-the-top. Pour les sketches qui dépassaient notre seuil de confort personnel, l’humour devenait grinçant, or bien sûr c’est ce que l’on veut, parce qu’il faut adapter l’humour à un un public d’aujourd’hui. On ne l’adapte pas à un public des années 70, avec la Dominique Michel. Néanmoins, la mise en scène reste absolument superbe pour cette revue de l’année. Sa satire joue également dans l’humour absurde, et qui peut devenir agaçant si on la pousse trop avec son humour. Julien Poulin réincarne son Bob “Elvis” Gratton, un personnage, indestructible de sa bêtise de petit bourgeois, et s’apprête à faire des photographies de Stephen Harper, incarné par Louis Morissette. C’est comme la fameuse scène, entre Falardeau le photographe et Poulin, en Gratton, dans le premier film Elvis Gratton, Le King des Kings. Bob Gratton vieillit très mal dans son humour. Bien sûr, il profère quelques conseils crétins de politique devant Harper, et chose surprenante, les propos de Gratton soulèvent du dégoût chez Harper, ainsi que sa Linda, interprétée par Hélène Bourgeois-Leclerc. Lorsqu’un personnage, comme Gratton, est visiblement dégoûté sur la scène par les autres personnages, on dirait qu'il se meurt dans le moment présent. Il n’y avait que Pierre Falardeau qui pouvait donner vie au personnage de Bob Gratton, et dans les mains d’autres concepteurs, Gratton devient dénaturé. Par conséquent, il y avait juste Falardeau qui pouvait donner un sens à son personnage. Oui, nous le savons, c’est un colonisé qui se met toujours dans le camp des plus forts, au Canada. Or, quand on le voit prodiguer des conseils farfelus, au bord de l’offense, on ne reconnaît plus le personnage. C’est un peu cela la perte d’un grand créateur. Mais certains vont me dire, un con est un con, et un chat est un chat, dans les mains d'un génie ou d'une tierce personne.

 

Étant donné que les acteurs, furent les mêmes que celui du Bye Bye de l’année précédente, les performances de Joël Legendre, d'Hélène Bourgeois-Leclerc, de Véronique Cloutier, de Louis Morissette et de Michel Courtemanche, sont resplendissantes. Tout le monde est merveilleux, tout le monde est drôle, et tout le monde est exquis dans leur style. Bourgeois-Leclerc, Legendre, et Courtemanche sont incroyablement brillants. Le caméo de Jean-François Mercier, en tant que le capitaine Haddock, est succulent. Le caméo de Claude Meunier est tout le temps d'une hilarité effarante. Certaines des imitations furent moins bien réussis, puisque les acteurs parlaient encore dans leur voix naturelle et normale. Ou même à travers de l'imitation, on entend encore la vraie voix de l'acteur. Or dans son ensemble, les performances restent excellentes.

Dans leur ensemble, Radio-Canada nous a donné deux belle revues de l'année.

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